Éric Suchère
Le Souvenir de Ponge
40 p., 15 x 21 cm
10 €
ISBN 2–909097-53–6
Février 2004
« À propos du Souvenir de Ponge Eric Suchère parle de « désœuvrement », d’« immobilité », d’« infime » (Le Matricule des anges, dossier poésie contemporaine, mars 2004). Cela pourrait définir la méthode de son projet « infans » : reprendre la perception à zéro, inventer une technique perceptive. Le parti pris de l’image (de l’image mouvement, de l’image-temps), compte tenu des mots. Leur impossible coalescence, dérangée par la pulsion (« le quasi nul se tend : augmente le puise mieux que variations »). Le motif Ponge (carnet du bois de pins), déclencheur de ce livre, laisse percer par endroits le motif albertine (livre de 2002). C’est que dans un livre d’Eric Suchère une thématique n’est jamais massive, mais poreuse et fibreuse (filaments ténus flexibles). D’où la nécessité, technique mais liée à la manière dont on est affecté par ce que l’on sent, d’inventer d’une syntaxe plus appropriée que l’apprise. L’usage du deux-points par exemple (sa récurrence saute aux yeux), est singulier. Ni signe logique, « ni tout à fait ponctuation, ni tout à fait conjonction » (Gracq), il est une sorte d’instrument optique, de lunette, ce pourquoi sa transcription typographique avec égalité d’espace de part et d’autre me semble peut-être plus juste que dans le respect de la tradition (suivi par « une » espace, précédé d’« une » espace « fine » ; cf. Jacques Drillon, Traité de la ponctuation française, Gallimard 1991). »
Éric Houser, Cahiers critiques de poésie n° 9