N° 290 (novembre 2021), Figures multiples
Les phrases sont hachées et les grésillements rendent certaines propositions difficilement audibles. On entend distinctement des bruits qui échappent à toute indentification et certains mots résonnent. Le lexique employé est maladroit et il nous faut reprendre chaque terme un à un avant de poursuivre. Je comprends le sens d’un mot que je ne connais pas et tente de mémoriser toutes ses significations. J’énumère les noms de tout en traçant les contours tandis que les visages se transforment lentement. Il faut se frayer un chemin, évoquer les formes mortes, effectuer le trajet jusqu’à ce que s’épuise. Les inscriptions se répètent et donnent des informations contradictoires sur les paysages traversés. La musique évoque une séparation possible, une figure que l’on remplace, le redoublement des ombres. Il faut parler du doute, du trouble, des espaces dont il ne se souvient plus malgré quelques images. Mouvements vers, discussions sur, tentatives pour, tremblements de… j’affirme que quelque chose est. Je ne saisis pas les histoires, les blagues échangées, les différentes propositions, les événements. Les mots sont écrits sur de minuscules morceaux de papier et il faut se concentrer sur chaque image. Elle pose très lentement sa main sur la mienne tout en me disant qu’il va se produire quelque chose. Elle et moi devons modifier toutes nos habitudes tandis que la ville se métamorphose insensiblement. Il faut faire l’inventaire de toutes les formules et réduire au fur à mesure chacune des variations. Dans la tentative d’imitation et les mouvements gauches, les cendriers tombent et se brisent au sol. Je photographie les herbes hautes et compare les valeurs de gris possibles avec les taches colorées. Il faut voir si les différentes parties correspondent, mettre les pièces manquantes, les juxtaposer. Je prends, sans réfléchir, quelques objets indéterminés et les sors méticuleusement de leurs boites.