N° 337 (octobre 2025), Les choses

Je décris plusieurs choses dif­férentes. Je rends les choses ressem­blantes. Les impres­sions se déter­mi­nent mutuelle­ment. Je classe les sen­sa­tions qui survi­en­nent. Elles se par­a­sitent mutuelle­ment. Je dois retrou­ver un cer­tain ordre, une forme. Les idées se rap­prochent des choses sen­si­bles et devi­en­nent en fig­ures. Les fig­ures sont réelles. J’opère men­tale­ment des sub­sti­tu­tions. Je suis con­traint de les expli­quer. Je repousse les objec­tions. Je n’obtiens rien. Je ne raisonne plus. Les phras­es devi­en­nent iné­gales. Mes mou­ve­ments m’apparaissent comme relat­ifs. Mon corps sem­ble être altéré. Les mots sont de plus en plus clairsemés. L’organisation des sens et des signes se trou­ble. La représen­ta­tion n’est plus con­forme. Toute résis­tance s’évanouit. Je suis prêt à. Il ne manque qu’un sig­nal. Il faut que je reprenne. Il faut que je reprenne depuis le début. Je reviens à. Je suis à. Mon esprit est sans mou­ve­ment, sans ten­sion. Je souhaite ren­dre sen­si­ble les liaisons et les dif­férences et leur réciproc­ité. J’ajoute une descrip­tion à une autre descrip­tion. Les phras­es se font et se défont. Cha­cune est une vari­able dif­férente, une incli­na­tion vers. Cha­cune est un détache­ment pos­si­ble du sens. Seule compte l’apparition des pos­si­bles qu’elles sug­gèrent, la pos­si­bil­ité d’un sys­tème et de son effon­drement, un implicite imag­in­able qui s’évanouit aus­sitôt qu’il com­mence à être for­mulé, à se for­muler. Je reprends. Je peux dis­tinguer des choses, des pro­priétés, des cor­re­spon­dances. Je suis là et je vous parle.