N° 249 (juin 2018), Cela
Cela : la porte, son encadrement, la découpe, la forme, son dessin, la lumière, les choses tout autour… se superposent, se recouvrent, soulignent, s’embrouillent, se dissimulent. Je projette sur les rails, les immeubles, les taillis, les herbes folles, les zones. Je projette, ici, une géométrie, les lignes droites, les courbes, lacets, circonvolutions. Je simule. Je m’exerce. Je exerce ici. Je, irrationnel, déconstruit. Je, les décompose. Toutes les formes perdent leur simplicité. Je défait les matières, les surfaces, les couleurs. Je est concaténation : polygones, cubes, sphères, cônes enlacés. Je devient, apparait, reprend et ré-agence toutes les structures sous-jacentes. Je est le schéma complexe qui approche, recompose et réintègre surfaces, textures, lumières et ombres pour revoir, enfin, l’écorce, la rugosité, les anfractuosités, les collines boisées, les remous sur les pierres plates. Je changera. Un nuage s’écartera. Je regarderait, comprendrait, les différences entre les couleurs. Je comprendrait les motifs. Je deviendra le motif. Ceci doit être. Ceci est la reprise. Tout peut apparaître malgré la force de l’habitude et je ne peut les confondre les choses comme elles ne se ressemblent pas. Une telle chose pourrait exister. Une autre pourrait ne plus avoir de consistance. Une pourrait être simplifiée et je pourrait continuer à voir comme tout se déroulerait autour, dans les micro-événements, les ondes sonores à peine audibles, dans le monde s’éloignant, dans l’image, dans sa duplication permanente, dans le frémissement de la contingence, dans la réfutation du sujet, dans son engloutissement hypnotique, dans une pluie de photons, puis dans la raréfaction extrême des particules, dans la dilatation des dimensions et leur négation. Je se trouverait. Je se regarderait. Je serait entièrement le sujet. Je serait entièrement défini par. Je serait les arbres, l’eau, les montagnes ou les reflets démultipliés des paysages traversés.