N° 252 (septembre 2018), Les choses

Que je tiens dans mes mains, ne manque, tel qu’est et reste, une fois encore, et est telle­ment réel comme tout existe et con­tin­ue : moi qui suis, le bruisse­ment, mes deux mains, la mer, fleurs de pom­miers, leurs branch­es, le jour qui se lève, ce qui est et n’est pas, est sur le point d’arriver, naît, dans un temps très court, en d’innombrables choses. Et mon corps qui n’est que lui-même, est sans cesse accom­pli par lui-même, dans le frag­ile exposé au soleil, dans le monde tem­po­raire, un instant rap­pelé par des bribes de sou­venirs où finis, me retrou­ve sans réponse, cesse de porter le nom des choses, en retenant mon souf­fle jusqu’à ce qu’il ne reste rien d’autre que, qu’aucune chose ne ressem­ble à une autre, dans les sen­tiers, les four­rés, le feuil­lage, l’achèvement comme ce dont il s’agit est qua­si­ment tout ce que je vois : le sor­bier, la chaise sur la ter­rasse, le cygne, l’orage, le ciel se faisant et se défaisant, s’étirant, s’étendant, irrévo­ca­ble­ment vrai, par­fait sou­venir d’une per­fec­tion jusqu’à ce que tout soit fini et achevé, jusqu’à ce je sois presque oublié, que le strict néces­saire soit rassem­blé, qu’il ne reste à la fin rien d’autre que la même chose jusqu’à l’horizon et que se suff­ise, où tout ce qui existe appa­raît et se reprend sans cesse, où tout ce qui a été vu se trans­forme en imag­iné jusqu’à ce que soit vu de nou­veau, jusqu’à ce que recom­mence comme les choses ne durent que pour elles-mêmes et, qu’ainsi, expulse la pensée.