N° 282 (mars 2021), La salle des possibilités

1.
Il n’a aucune iden­tité. Sa mémoire est uni­forme. Il prend le verre vide. Il trace un itinéraire. Tout se déroule dans une cham­bre d’hôtel. Il marche dans la pièce. L’enquête est plutôt banale. Il ne sait pas com­ment com­mencer. Il n’y a prob­a­ble­ment rien à trou­ver. Il s’assied sur le bord du lit. Il n’est même pas vis­i­ble. Il se voit se regarder dans le miroir. Il ne peut con­trôler ses trem­ble­ments. Un insecte passe sur sa main. Des gens l’appellent par son nom.
2.
Il n’a plus de temps. Le télé­phone ne sonne pas. Il con­tin­ue de fer­mer les yeux. Il se sou­vient de son enfance. Il se rac­croche à ses émo­tions. Il préfère le mot con­science. Il sait que ce qui va suiv­re est faux. Il ne peut don­ner plus de détails mais il sait qu’il sera tué quand il se réveillera. Il est endor­mi quand ils arrivent. Seul un homme se tient devant lui. Son vis­age est totale­ment inex­pres­sif.
3.
Il regarde la couleur du soleil sur le tapis. Cela se répand sur le sol car­relé. L’erreur — une illu­sion d’optique —, four­nit le matériel. Il regarde le tas de pous­sière sur le sol. Il n’en com­prend pas les raisons. Il con­state que cette table brune à gauche est rayée. Il a besoin de temps pour for­muler sa réponse. Les mots qui sor­tent de sa bouche sont ironiques. Quelque chose arrive quand il entend la musique. À ce moment-là, l’été et la fumée étaient passés. Il ne peut revenir en arrière car cela va dis­paraître. Il regarde tout autour comme s’il n’avait jamais été là. Il se par­le à lui-même, mais ses lèvres ne bougent pas. La ques­tion qu’il se pose implique cer­taines pen­sées.
4.
Le couloir est dans l’obscurité et il n’y a aucune réponse. Il le ren­con­tre dans l’escalier et prend l’un de ses sacs. Il peut enten­dre quelques insectes ou une sorte d’interférence. Trois cour­tes explo­sions déchirent bru­tale­ment le silence. Il a le sen­ti­ment de vivre quelque chose qui s’est déjà pro­duit. Il ne fait aucune dif­férence entre les sen­ti­ments et la pen­sée. Il pense à la rai­son non comme une fac­ulté mais comme à un ensem­ble de sen­ti­ments et d’idées. Pen­dant ce temps, de l’autre côté, il voit une ville com­posée de bâti­ments blancs.