N° 245 (février 2018), Dérive de
La table, la fenêtre, le vase, une photo, la rive, un miroir, une chose, que rien ne se passe, que cela arrive, s’oublie et se mêle à l’écho, de plus en plus, grandissant, jusqu’à ce que tout ait disparu et se jette, se rejette, alors que passe, avant de se séparer pour évider tout ce temps, le lointain, pour que garde au moins, avant que ne sois, que ne m’efface aussi vite que, juste avant de, une fois que, avant d’être absorbé, dans le temps lui-même, devenant ainsi, lentement, presque imperceptiblement, à travers lui-même, tourbillonnement, fumées, idées s’enracinant – idées quelles qu’elles soient –, avant de me rappeler, comme pas même, que ne reste presque rien de ce qui se fracture, que me représente en un nombre infini de polygones, que n’est plus moi, n’a plus besoin, même si c’était moi, d’être moi, en persévérant dans le mouvement, en collant au mouvement, en faisant que chaque moment soit à jamais figé sur, par un fourmillement de la pensée pour parvenir à en garder la plus grande partie, à rester immobile, dans le temps qui, un instant, fixe bruissements, traces, un nuage, un seul nuage dans le ciel presque transparent sans aucune ombre nette, que n’est presque plus par rien, si est comme si était, maintenant que pourrait être, ne pourrait durer, n’a pas non plus de fin, tant que reste fixé, à présent que l’heure s’arrête, s’interrompt, que l’immobilité se répand par l’extérieur, dans l’horizon, les arbres, la découpe du feuillage, à mesure que l’œil s’élève au-dessus de la surface de l’eau où une seule chose bouge encore, étant la zone morte se réverbérant – éclaircies et éparpillements –, appelant le souffle, la pluie, prenant lentement, puis se défaisant en une nuée, une agitation dans l’hiver, un vague doute qui ne peut, commence, demeure longtemps, fait naufrage, s’étire et revient si lentement, se réverbère, s’amoindrit dans la répétition, se découvre immobile, dans le même paysage, qu’il ne reste plus rien de ces choses en plein milieu d’un jour clair sinon le temps, le temps, une chose, quelqu’un, une chose, nulle part, qui ne peut, lentement, remonte, s’épanche, s’épuise dans le ciel lisse, lointain, n’arrête de, s’insuffle sans discontinuer, sans cesse, dans le même paysage fluvial, le même bruissement monotone, aussi loin que le regard porte, n’est vraiment guère plus aux alentours de cette étendue de terre, n’est plus, n’est rien, se remplit, est sans fin, que rien ne se passe encore, ne peut, est pur souvenir que figure, que touche, à mesure que la lumière se fait, que fixe et qui, tant que règne le simulacre, s’insinuera.