Veut, comme cela, d’un coup, revenir pour se souvenir de toutes les choses qu’il a pu voir ici et.Veut, comme cela, écrire, aligner les lettres, les mots, sans idée, répéter, faire écho à ce qui est.Est ce qu’il est, est censé être, est, comprends, avec le temps, ce qu’il peut faire, être, est ce qui.Veut, comme cela, sans une plainte, un reproche, une récrimination, dans un mouvement vers.Est ce qu’il a à faire avant que disparaisse, ne s’absente comme est ce qu’il veut, dans l’attente.Est cette parole qui ne peut arriver, qui ne peut être entendu, sans qu’il ne sache pourquoi elle.Veut comme cela, d’un coup, faire ou dire ou faire quelque chose, dans l’instant même sans que.Est ce qu’il peut être, d’une manière ou d’une autre, si est ce qui semble être compréhensible.Veut, comme cela, d’un coup reprendre toutes les choses dont il peut encore se souvenir à cet.Veut, comme cela, essayer de penser, de garder à l’esprit ce qu’il vient de penser, ce qu’il pense.Est ce rien, tout près, à...
N° 324 (septembre 2024), Est un lieu
Il y a un lieu où je reviendrai, où je me souviens de toutes les choses que l’on peut voir, où j’écris les lettres, où je répète les mots entendus, où je suis ce que je suis censé être, où je comprends avec le temps ce que je peux faire, sans plainte, sans un frisson, dans la sincérité, un mouvement. Tout ce que j’ai à faire dans l’absence est ce que je veux, si je veux, dans l’attente, pour parler, ne sera pas entendu, ne veux, ne peux, pourrais l’entendre à nouveau aujourd’hui, si me demande pourquoi. Tout ce que je fais ne peut arriver et, si je dis ou fais quelque chose, à tout moment, n’est rien d’autre que ce que je peux, d’une manière ou d’une autre, comme je dis, encore, que tout semble aider à comprendre ce que j’ai à donner. Je ne suis pas ce que j’ai l’air d’être quand je dis que je me souviens maintenant que cela fait longtemps que j’essaie de penser, d’avoir à l’esprit ce que je vais faire, que je ferai et ne ferai pas comme il n’y a rien, tout près, à tout moment,...
N° 323 (août 2024), Mécanique du chant
Je reviens seul avant l’heure. Les pas battent le rythme. Les haies bordent les champs. Je ne pense à rien. Je surprends le secret. On ne me laisse aucune chance. Je la prends à témoin. Elle coupe court. Sa voix résonne. Je ne peux pas choisir. Il reste peu de choses à prendre. Il faut que je lui pardonne. Je ne peux plus revenir. Je suis étendu. Je ne pense plus qu’à la nuit. Je dors maintenant. Je n’espère rien. Je ne garde rien. Je ne pense qu’à. Je veux dire que rien ne vient sinon les lumières bleues, la parole vide, le nouveau signal, les fausses ouvertures, le souffle déchaîné, les liens brisés, l’étrange circuit, un chagrin infini, les fenêtres fermées, la chambre tiède, les gestes furtifs, un glissement rapide, les appels désespérés, les feuilles mortes, la terre desséchée, les louanges perfides, la lame ébréchée, mains froides, ciel vide, reflets lumineux, le timbre sourd, la source tarie, l’eau luisante, une fausse direction, les parapets détruits, éponge saturée, nuit...
N° 322 (juillet 2024), L’indifférence
Est l’indifférence frontale, la ligne de fuite répétée, que glisse ou focalise sur en découpes géométriques, cassures fictives, halos sur, relations entre que composent les reflets en analogie d’un paysage dégradé, maculé où l’image veut être le probable de, le signe — son possible — dans l’imposition, alors, qu’au loin, s’interrompt, simule le continu, se recompose, se répète encore et encore dans l’instant, que la tonalité rompue amorce puis efface, passe le plus précisément à, s’étend du proche et du lointain en une succession de fragments, de résidus, d’occultations de coupures, reprise permanente des mêmes événements qui se déroulent immuables dans la suite de cadrages sur, la connexion des intervalles, leurs bégaiements en choses éparses, la singularité de chaque, dans ce qui apparaît, se précise, dans la somme donnée par les détails des surfaces, là ou au loin, dans la focalisation sur l’étendue, ce qui se tient là, dans l’écart, la suspension, la perte, l’oscillation où...
N° 321 (juin 2024), La lumière
Il attend derrière les barrières de sécurité et regarde les avions qui décollent ou atterrissent, fixant longuement leurs trajectoires, essayant de les mémoriser, tandis qu’ils deviennent des taches dans le bleu sombre. Il ouvre les yeux, regarde fixement l’endroit qui lui semble vaguement familier tandis que la lumière diminue et que le sentiment d’étrangeté disparaît totalement. La lumière jaune des appliques du couloir se reflète sur la moquette murale et sur le sol brunâtre encadrant la porte battante. Il passe devant des groupes qui stagnent autour d’un kiosque dans la lumière de fin d’après-midi allongeant toutes les ombres portées. Il passe entre les rangées de tables recouvertes de nappes de papier sur lesquelles se trouvent de nombreuses taches de café. La lumière de la vitrine du magasin semble différente de celle dont il a l’habitude. Il essaie de lire les mots sur l’affiche mais il n’arrive pas à les déchiffrer et à les relier à un sens. Il entend une musique lointaine...
N° 320 (mai 2024), Déchiffre
Bleu nuit au bord de mer éclairé par, au-devant de, étrange construit, de dentelles, dégage, voire blanc à couleur même et le ciel en arrière-plan, aussi blanc que, ne les voit plus, l’empêchant de, avec souplesse et élégance. Les reflets, reprend noir, le contour noir, à la lumière sur, de rouge à violet sur, s’étale sur, de la teinte à l’autre à la bouche orangée, à un point, lumière blanche, de reflets suivent les plis, à ses mouvement dirigent. Que regarde, s’assoit, touche-effleure les pages, les tourne, déchiffre, se penche vers pour écouter, qu’un léger sourire, se tient, que de moins en moins, précise, que présente les abstractions. De rose rouge à presque gris comme, tellement que divague de rouge orangé à bleu foncé terne, tout juste assemble un paysage floral autour de bleu, rouge écarlate ressemble particulièrement à. Teinte rose au dehors, ne bouge, au loin, presque étincelle, au rouge répondant de la bordure qui glisse, rattrape l’ombre noire, comme masse noire, prenant...
N° 319 (avril 2024), Pour le perpétuer
N’essaie pas réfléchit le repousse avec force que ne bouge ne se desserre d’être si différent toute ces années fissures qu’apparaissent commencent à reprend dans la dérive la foule dans le vêtement assiste ne bute y assiste toute nuit referme assez admet ce qu’il faut sa lumière qu’émerge du sol proclame l’ennui ayant l’envie de se taire sur lequel on peut lire la nullité négligeant arrive si jeune prétendant un à quoi bon généralisé le chant un émiettement à la demande le froid si ne peut se connecter la voix qui nouée refuse tandis qu’il jure de cette chose dont il ne sait rien totalement misérable qu’il affecte de se taire caprice qui...
N° 318 (mars 2024), La guerre
Il s’est passé quelque chose. Il se passe quelque chose. C’est la guerre, la dérive, la guerre, le destin. Mes cicatrices ne se voient pas. Les drames ne peuvent plus arriver. Tout le monde connaît le sens des mots. Les mots disent que je suis en danger que je n’ai plus rien à perdre, que suis arrivé, que je suis moi, que je dois reprendre, encore, reprendre. Je suis revenu. Je voulais écrire. Je n’ai plus besoin d’expier. Tous les actes sont désespérés. Je reprends, énumère : mauvaises herbes, la foi sans fin, ton visage, la nuit dernière, l’idiotie. Il s’est passé quelque chose. Il se passe quelque chose. Je suis endormi dans la villa. Je suis au centre. Je suis au centre de tout. J’ai vu tes yeux le jour de l’exécution. Tu t’es agenouillée et tu as souri. J’ai vu tes yeux au centre de tout cela. J’ai vu le centre, les yeux, le jour de sa mort… quand quelqu’un a pris sa place et a pleuré. Alors, j’ai foulé le sol. Je suis tombé plusieurs fois. Je tombe plusieurs fois. J’ai menti....
N° 317 (février 2024), Ce qui se passe
Ce qui se passe est le passage du brûlé noir à l’éraflé rougeâtre. Est ce qui se passe si s’approche, à même, le nez contre ce qui, là, dans l’indifférence frontale. Est ce qui se passe dans l’angle, la ligne de fuite, la perspective, dans la répétition du même. Est une somme de tonalités, diffèrent, dans l’ombre ou l’éclairage brutal porté sur, à même, sur. Glisse, alors, le long, dans le passage du flou au net, que focalise, accentue la trouée. Comme se passe, au fond, dans la découpe du jaune urbain contre l’ombre, dans l’approche des phénomènes lumière, trainées, irisations, tonalités, découpes abruptes ou métamorphoses. Qu’est la géométrie obtenue par les surfaces emboîtées et cassures quand l’image s’imprime sur l’autre. À la superposition de l’une, réelle, sur l’autre, factice, trouble, fait illusion sur sa nature, devient soleil rapporté à dans le halo nuage gris rapporté sur qu’obstrue, dans la limite, l’impossibilité à être dans. Qu’établit une barrière avec, que serait le...
N° 316 (janvier 2024), Mélodrame
Personne ne répond. Ne fonctionne pas parce que… Comme vous voudrez. Quel est le numéro ? Vous devriez savoir quel est le numéro. Non, je n’ai pas regardé l’heure. Je sais juste que c’était très tard pour moi. Je cherchais… Pouvez-vous me dire s’il-vous-plaît ce qui se passe ici ? Votre nom s’il-vous-plaît. Je suis ici. Qu’est-il arrivé ? Je lui ai parlée hier soir. Je l’ai laissée là-bas. J’ai essayé d’appeler mais personne n’a répondu. Pouvez-vous me donner votre numéro s’il-vous-plaît ? Que lui est-il arrivé ? Où l’ont-ils emmenée ? Je voulais vous parler un petit instant. Je voulais vous parler de cette femme. Je ne la connais pas plus que vous. Avez-vous trouvé une lettre ? C’est comme cela, paraît-il, que l’on fait. On laisse une lettre sur la table de nuit. Non, je n’ai rien vu. Quelqu’un est entré. Je comprends. Quand, alors ? Où est le téléphone ? Oui, c’est cela. Je n’y crois pas. Où est-il ? Vous pouvez y aller vous-même. Est-ce que c’est le même escalier ? Plus ou moins....
N° 315 (décembre 2023), Se saisit
Une figure marche. L’image est trouble. Est une image sans qualité. Est là, juste là, que rien ne perturbe dans la perfection du double, le duplicata. S’assied, regarde vers, est une réminiscence filmique, la sensation de ce qui reste de l’image, l’impact, dans ses pensées vers, à la différence est, s’ajoute comme une narration possible, un extrait, regarde, oui, regarde, se regardent, oui, se regardent et l’arbre et le ciel, dans le panorama, l’étendue, les nuages jusqu’à loin, la présence inquiète, là, blanc gris, sur l’eau, se retourne, glisse sur l’onde, à l’instant même, en rouge plus jaune, est la présence inquiète, refais le chemin à distance des années dans le commun de la pose, vers l’autre, se dédouble, superpose l’extérieur et l’intérieur, dans la quiétude des jours, une mise à distance, un espace, l’organisation, là, juste là, que donne une géométrie jaune violette, l’abstraction, l’artificiel de vert, jaune, bleu, gris, rose, impose le bleu, la brume, le bleu, le jour,...
N° 314 (novembre 2023), Est
Est : dans la distance, là, dans la distance, ce qui se passe là, quand regarde, à distance, les gestes qui s’effectuent, les rires et les échanges, dans l’obscurité, l’éclat lumière, le vert soutenu dans les gris, le gris, l’ocre, le brun, la posture des corps, ce qui se dit, sans doute, la fumée blanche enroulée nacrée. Est : chaque corps en soi, dans l’isolement de soi, malgré qu’essaient, malgré. Est : dans les halos électriques, que regardent soudain vers, soudain s’immobilisent, têtes levées ou regardant face, est événement si peu. Est : chaque corps en soi, dans l’isolement de soi, malgré qu’essaient, malgré. Suit : paysage métallique, construction, ingénierie, dessin tramé, superposition d’obliques, tressage. Suit : dans l’eau, l’onde, l’agitation souple des taches grises et bleues, reflets par-dessus donnent, les corps au centre s’immergent. Suit : l’éclat qui emprisonne, maintient contre, dans l’attirance luminescente, l’insecte oblong, silhouette, dans le mouvement gris...
N° 313 (octobre 2023), Mémorisation
Ils se tenaient dans la diagonale, cinq figures en arc allant vers la lumière, éclat diffus contre. L’un regardant vers, l’autre vers, projetant leurs obliques sur le mur crémeux jaune, posant ainsi. Étrangement, ils prennent la même attitude, mains jointes devant torse mais l’expression diffère. L’explosion noire brusque serait le contrepoint exact des deux attitudes saisies rapides quand fixe. Face, profil, face de l’avant à l’arrière-plan, établit un hors-champ énigmatique sans résolution. Il y aurait une focalisation précise sur un visage accueillant telle ou telle parole en sourire figé. Ce que la main désigne en se relevant, basculant paume vers ciel, est éclair négatif, son artifice. Que les visages se dirigent vers le mouvement de groupe qui s’opère dans la perspective offerte. La reprise s’offre en identique sinon des différences dans l’espacement et les gestes effectués. Il se tient là, devant la porte rouge, attendant, escomptant, dans la présence multiple autour....
N° 312 (septembre 2023), Sur
Il ne reste qu’une projection, la découpe possible d’une silhouette, un geste arrêté sur se forme… Ce qui se passe sur le bord, dans la marge, se plaque sur la texture dans l’aplatissement général… Le regard est dirigé vers une absence ou une fiction de celui qui, regardant, se regarderait lui… Les moments de vie se retrouvent arrêtés par et l’arrêt ne dit plus rien sinon que s’abstrait de… Que pense être un essai pour deviner ce qui est en train de se passer au moment où est le geste… C’est bien de multiplicité dans les regards, mouvements, mains et expressions inconscientes ou… Le stratagème consiste à saisir par le reflet ce qui est là et d’en faire l’image, l’image d’une… Ricochet : faire une image de quelqu’un qui fait une image d’une image sans montrer celle-ci… C’est le jeu des surfaces frontales, une suite de couleurs matières emboîtées en un déséquilibre… Il y a la couleur surface et la couleur projetée, la couleur des choses et la couleur sur les choses… Il s’agit de la...
N° 311 (août 2023), Commentaires
Le bandeau vertical est la réduction de la pensée dans les noms égrenés sans que rien n’apparaisse, ne fasse sens… D’un va-et-vient, entre le reflet et la projection floue, est soi et en face — jeune homme triste dans un train est ce qui vient à l’esprit… Plis et déplis que la table de bois striée… L’enroulement du foulard dessine des torsades d’un motif bleu froid à cheveux, arbre et figure encadrent le profil, est la ligne… Se tourne, se transforme en une série d’ovales sinon le sourire… La main gracile tient la pomme arc-en-ciel qu’elle présente — un souvenir de mains… Sur sa robe, la suite des images dans la déformation du drapé… J’insiste sur la fente noire qui oblitère… Dans une frise nomme la douleur artifice… Le détail est ville grise, clochers gris dentelles, poisseux gris… Au centre, impose la suspension de la narration, repos pendant la fuite… Dans le panier tressé blond, linge et pain… Est la beauté pathétique de la mutilation… Pensif absorbe — s’absorbe… La structure...
N° 310 (juillet 2023), La reprise
La sensation donne le sentiment donne la pensée de, dans le mouvement circulaire à effectuer, le déplacement, repasse, tourne, repasse sur l’architecture, le glissement vers, aux sons censés mélancoliques, accentuent l’atmosphère, le cliché cinéma vespéral, dans l’écho, la résonance, qu’éloigne progressif, tourne, traverse, est une aspiration vers, que croise en évitant saccades, tourne, traverse, dans l’arrivée, le point d’attente que serait l’insignifiance délectable, dans l’errance de, le vide, l’inoccupé, l’absence d’imago, la vacance d’elle dans tout visage ausculté, est une interruption, la reprise, dans la sensation vent sur désert construit, courbes et arches à l’élancement moderniste, le lisse, le sans couture, un nocturne presque, tourne, traverse, en suites d’espaces moments, est une interruption, la reprise, les mots rendus inécoutables, le langage adamique, la parole irrepérable, ce qui déjoue, rend dérisoire la maitrise, l’intimidation, la pose, la contenance, est une...
N° 309 (juin 2023), Baisers terrestres
Le doigt, en effleurant la page, laisse une trace, altération bordeaux d’alinéa à l’autre, unissant, vertical, « de » à « ne ». Cela arrive p. 54 du flirt avec elle. Cela restera la trace de ce soir, juste avant, ou après, dans l’instant où tu te confonds avec la nuit dans la correspondance aussi bien qu’avec l’attente devant l’écran inerte. Quand j’écris « c’était bien », je voulais dire « j’ai aimé écouter ». En ce qui me concerne, ce n’est pas l’étourneau, ni le rouge-gorge mais le merle, sifflement signifiant, merle trille au bleu venant. La conclusion provisoire s’ouvre matinal sur lui, se répète quotidien en ouverture symphonique, s’ouvre enfin pour le jour, est la note initiale, le la auquel s’accorder. Les pouces bougent pour écrire, puis s’arrêtent, paralysie momentanée dans la tentative d’une description qui ne viendra pas. Il manque l’amplitude, toute l’amplitude et ses répercussions dans la résonance suspendue au silence. Pour prolonger, il faudrait accompagner les mots....
N° 308 (mai 2023), Baisers célestes
Est nuit / Brume / Bataille / Gel / Vent / Mer / Chaleur / Sud / Est / Ouest / Nord / Soleil / Feu et fléaux / Vient jour / Brillance / Sang / Neige / Calme / Terre / Foudre / Chaleur / Fournaise / Désir / Froid / Lumière / Feu et Peur / À la blessure / Tourment / Honte / Peur / Guerre / Gémissement / Croix / Conflits / Mépris / Douleur / Reproche / Les insultes et la gêne / Joie / Grâce / Gloire / Baume / Paume / Esprit / Usage / Paix / Louange / Plaisanterie / Repos / Encouragement / La chance réussit / Lune / Étincelle / Fumée / Pierres précieuses / Poisson / Or / Perle / Arbre / Flamme / Héron / Grenouille / Agneau / Le bœuf et l’estomac / Éclat d’amour / Lumière / Paille / Vapeur / Montagne / Inondation / Lueur / Écume / Fruits / Cendre / Toit / Étang / Pâturage / La connaissance et le pain / Tir / Homme / Travail / Labeur / Art / Jeu / Transport / Bouche / Hargne / Inquiétude / Cupidité / La confiance et soi / Marquer / Dormir / Prix / Louange / Faveur / Querelle / Havre /...
N° 307 (avril 2023), Passe, passe, passe
La formulation est profonde mais les mots que j’enseigne, dans une voix ferme et claire, sont encore plus profonds et je ne peux les traduire car ils tordent les pensées et les sentiments si doux qui m’aident à souffrir. Passe. Rends-moi mon sang, mon urine et ma bile parce que ces derniers ne dureront pas longtemps. Passe. Chaque corps, branche, feuille et fleur maintient à distance mon temps et le monde. Passe. J’utiliserai un autre livre, des surfaces affamées sans mouvement. Passe. Le problème n’est plus ce qui devait être mais ce qui s’absentait. Passe. Les surfaces se déplacent avec le son que l’eau noire produit. Passe. La table sur laquelle nous jouons est froide — un zéro absolu. Passe. Rends mes sens intelligents dans l’odeur de l’éclair. Passe. Engendre les yeux, la bouche, la gorge, le sexe. Passe. Débarrasse-moi de mon corps et je partirai. Passe. Je veux ton silence, ta faiblesse, ta douleur. Passe. La lumière traverse les bouteilles brisées. Passe. Je suis suspendu...
N° 306 (mars 2023), Passages
Regarde. De gris, de moutonnements gris, gris sombre. Est nuée grise. Que brouille, divise, met à distance, s’intègre, se poursuit latéral. De gauche à droite. De droite à gauche. Se séparent. Encadrent symétrique. Dans la clarté du jour. Le ciel dégrade vers blanc jusqu’au bout — l’horizon. Dans le silence qu’imagine. Se tient impassible, inexpressif — nulle émotion visible. S’inscrit dans la clarté. Tout autour de. Simule — n’est que dans l’accord. Se divise. S’inscrit. Détaille dans le déroulement latéral. Est lieu sombre — on dit sombre. Qu’imagine sa clôture, les figures qui y sont. Sombre. Dans la simplicité monumentale, le dépouillement, désencombré de tous détails, sont éclats blancs et bleus. Découpent formes et reliefs dans l’espace occulté — roches et collines, taillis, architectures. Roches et collines surtout ou un parterre fleuri — excès ornemental. Chaque sujet devient prétexte. Chaque partie définit — bleus et rouges surtout. Est un triomphe dans la terreur, une...
N° 305 (février 2023), Ubiquité
Je disparais de la carte — je suis l’effacement supplémentaire. Il dit : « Cela nous alerte. Il faut que je regarde. Si neutralise tel ou tel ». Il passe sa main dans ses cheveux gris en broussaille. « Dites-moi le nom. » Il s’éclipse. « Dites-moi le nom. » Je suis dans un circuit de brouillage. « Dites-moi les noms. » Il appuie son menton sur sa main d’un air sombre. S’il sonde sa pensée. Les appareils enregistrent sa présence. Il dit : « Je vais m’occuper de vous en personne ». Quand il le trouve, il étudie la fiche, actionne l’amplificateur, le règle sur la fréquence adéquate. Une voix très faible sort du haut-parleur : « Je suis ». Il parle d’une voix nette : « Je suis ». La fiche n’indique plus que quelques jours. La voix devient de plus en plus forte. Il s’éloigne sans rien dire. Il amplifie. À distance. Il amplifie. Il ne se rappelle pas des données. Cela surpasse l’entendement. Il dit : « Je n’ai pas le droit de faire des révélations, mais la situation est ». Il s’arrête en...
N° 304 (janvier 2023), Résidu
Gestes, attitudes, silence, distance, absence, répétition, jours, mots, absence, bilan, maladresse, connexion, désillusion, fable, écart, hostilité, isolement, justification, limite, solitude, perte, néant, oubli, résistance, gâchis, mouvements, gaucheries, parole, chose, influence, stase, changement, temps, monotonie, persistance, atonie, habitudes, temps, choses, image, somnolence, variables, scénarios, alternatives, répétition, évocation, mise en place, ressassement, monotonie, prédominance, nudité, idées, pensées, itération, jours, absence, modulations, état, raison, théâtre, mécanismes, lumière, bloc, signes, exemplification, équilibre, réponse, froideur, absence, profondeur, maintien, silhouette, échange, regard, rien, idée, engendrement, dissolution, entraînement, intuition, mécanisme, volonté, arrêt.
N° 303 (décembre 2022), Cassure
De ne plus comprendre les gestes, les attitudes, le silence persistant, la distance émanant de, dans l’absence de paroles, quand feint que rien, qu’il n’y a rien, que la répétition des jours dans, énumère les mots possibles pour dire : absence, bilan, maladresse, connexion, désillusion, fable, écart, hostilité, isolement, justification, limite, solitude, perte, néant, oubli, résistance, gâchis, que les mouvements se raréfient, quelques gaucheries suffisent pour, sont prétexte, amènent à tout ce que peut supposer, sans que parole sorte de cela, sans qu’advienne une seule chose, d’influence nulle, aurait pu ne pas être a priori, avant que ne s’érode lentement, que ne s’éteigne, que la stase des jours ne dure, sans autre changement que le temps qui s’étire, en monotonie, persistance, atonie prolongée, continuité d’habitudes, temps usé en vain sur ces choses, que modifie lent, inéluctable, est image perdue, somnolence, variables prévues où se construisent des scénarios, où toutes les...
N° 302 (novembre 2022), Retours
ciel perpendiculaire, ciel, fumées, brumes, chambres, herbes, feuillages, accords, arbre odeur… automne, terre trempée, boue, flaques, vapeurs, transparence du ciel, gouttes de pluie, noir… nuit, bruits légers, nuances noyées, vent, suspension des feuilles, eaux, éclairs immenses, l’eau… ciel, vitres et arbres, ombres, rivière, eau silencieuse, blancheur, rugueux des troncs, flaques… … rompt… divise… décompose… polarise… excite… siffle… s’agite… s’élève… établit… s’écaille… eau, herbe, soleil sur tuiles, toitures, ciel, lueur, lumière, arbres, fumées, jeu d’éclairages, nuit… fumées, regards, passages, son uniforme, mouvements, inachèvement, collines, obscurité sur… odeurs concentrées, briques, silence, fraîcheur, noirceur, intervalles, sensation, modification… feuilles, arbres, feuilles, torrent, passage, transparence, froissement, interruption, silence de… irrite… suspend… perce… éclate… change… résorbe… marque… s’étend… se compose… change… arbre, frissons, frémissements, remuement...
N° 301 (octobre 2022), Reflets
Le poids des choses serait lourds rideaux dans la pesanteur, occultant de plis sourds, vagues opaques, brillance fumée à la crête, qu’engloutissement repli, désigne l’angle, haut et bas, à la densité fige, sinon le motif floral d’une épaisse moquette, se dirige où répétition triangle, focalise vers noir, au creux du noir le plus dense, absorbe, noir éteint — l’inquiétude d’une clôture de l’espace. Arrête sur un corps, un nu, d’une femme, ce qui se devine à l’érotisme happe, contrarie dans la surface en propre de la peau, se brouille d’une autre, se surimpose, celle de l’image fantôme en double, si la brillance comme déchirure éclair sur mat, à l’éclat sur gris atone, déforme, trouble, se perd, résiste à la dégradation possible de toutes images quand n’est jamais que là, fixe ce qui saillit. Du sublime, la saisie impossible résiste, se transmet, perdure, est souvenir d’autres dans la gravité, l’héroïsme lyrique du sujet donné, montagne et arbre, traces noires sur gris, qu’émerge...
N° 300 (septembre 2022), Bande-annonce
Est la distance au sujet, de près, le plus sous tous les angles et qu’accompagne les mouvements dans l’absence de bruits ambiants, que se déréalise, dans la suite dans les va-et-vient permanents, quand l’écriture fait irruption, détourne la voix, devient l’image du langage en son jeu, que se décalent asynchrones et se fixe longtemps sur détails, présences, en inaudible de quelques, comme la fiction s’enraye dans la farce ou le burlesque devient le drame théâtral filmé de l’histoire. Est lancinant, reprise, annonce continuelle de ce qui va advenir dans tout le romanesque trahi, si l’on peut toujours faire semblant, simuler, ou injecter dans le quotidien son possible narratif, du fait sociétal commun en document sur l’époque dans un corps que toujours cadre-découpe, où littératures populaires s’entremêlent, truffent de références savantes en voix mécaniques. Est l’anarchie morale et intellectuelle offerte en couleurs clinquantes réelles et surréelles – dixit – de la jeunesse et le sexe...
N° 299 (août 2022), Paraphrase
Dans la précision des contours des nuages, se perçoit encore une fois par une légère modification du relief où les choses perceptibles par cette altération minimale peuvent être à la fois l’espace et le temps, une entité immobile et immuable, où ne peut que remarquer ce qui se passe à ce moment-là comme les perceptions des surface s’éloignent et s’obscurcissent, dans la zone grise éclairée, dans la vision périphérique qui s’ouvre, qu’il suffit de citer quelques noms pour que ce moment de suspension se produise, que les choses se relient dans la répétition, dans ce sursaut momentané, que celles qui ne sont pas différenciées finiront par n’être, encore une fois, que quelques grandes masses, dans le contact avec les choses les plus élémentaires, encore une fois dans le contact, comme nous commençons à nous ressaisir, dans le poids ressenti lorsqu’effleure, black-out complet laissant derrière lui un vide à la fois dans l’espace et dans le geste, la position solaire renvoyant,...
N° 298 (juillet 2022), Montage
Ou les objets perceptibles par une modification légère du relief, la précision du contour des nuages, retrouvant là, par une légère modulation, le cours des choses, avant que la chaleur ne retombe, totalité spatiale et temporelle d’un immuable que sait ne pas être mais que constate dans l’instant jusqu’à ce que les bruits prennent de l’ampleur, dans la perception lointaine et indistincte des surfaces, dans le gris si éclairé par, dans l’ouverture de la vision périphérique, qu’il suffit d’énumérer les noms pour que se produise ce moment de suspension, dans le sursaut momentané, qui nous rattache malgré la répétition, dans l’indifférenciation où ne restera plus que quelques masses, dans les nominations, revenant au contact le plus élémentaire avec, jusqu’à se ressaisisse par le poids ressenti lorsque touche de nouveau, dans le noircissement progressif jusqu’à l’effondrement, dans la vacuité totale du geste, dans l’espace au-dessus, teinté par la position solaire, que revienne toujours...
N° 297 (juin 2022), Fictions
Il prononce quelques mots sur les différentes terrasses. J’étudie les résonances produites et les allitérations. Je désigne vaguement les choses de la main. Elle ouvre la porte et me regarde en riant. Je n’arrive pas à me souvenir de son nom. Je ne sais pas quel jour nous sommes. Je distribue aléatoirement les images. Est pensée sans application concrète. Les indications sont trop nombreuses. Je ne me souviens plus des paysages. Tout le monde retient sa respiration. Elle referme le portail derrière moi. Je lui demande de m’accompagner. L’analyse de la situation est fausse. Une femme me fait une réflexion. Je ne me souviens plus comment. Elle fait une déclaration d’amour. Je tente d’expliquer son attitude. Je ne sais pas si je dois m’arrêter. Des gens sont assis dans l’herbe. Il faut se concentrer sur l’image. Cette route ne me rappelle rien. Il y a toujours une perturbation. Il faut rajouter divers éléments. C’est entre le blanc et le rouge. On me dit qu’ils ne sont plus là. Elle...
N° 296 (mai 2022), Les vivants et les morts IV
…est une solitude… est une solitude dans l’avancée… dans l’avancée vers… vers ce point là-bas… dans la clôture qu’est le gris… horizon analogue vers lequel se tend… ne se résout… est le flottement du gris… le flottement des gris contre… barrage d’hiver contre… est une mélancolie grise que plombe… est analogue ciel… que bute sur… s’arrête sur… qu’imagine qu’est le silence… qu’imagine la fin dans la non-résolution de l’espace… s’arrête … indétermine… est une solitude… est un promontoire… une étendue ombre gagnant… lande ocre avance sur intonation terre… sur intonation mer contre intonation ciel… pourrissement ocre nappant… qu’est l’espace que crée… dans le prolongement de… balayage obstrue sur l’humide terre basse… terre contre ciel eau… appropriation immobile du substrat… terre gaste… que s’arrête sur et contre la première bande grise… au bord du dernier filament vert là… est une solitude… une solitude cadrée… annonce qu’ici se passe sans aucun là… qu’est cet espace dernier parmi qui...
N° 295 (avril 2022), Les vivants et les morts III
Le rivage, le sable gris, l’écume, le rivage, l’écume, la cour au soleil d’été depuis le cadre de la fenêtre, l’ombre de l’immeuble, de l’arbre, l’ombre, les mouettes, l’envol, multiple, enchevêtré, les terrasses insolées, l’eau glauque, sombre, émerge, fait face, si, derrière la vitre, le sable jaune, se love dans le coin, est la trame régulière à laquelle s’agrippe, si les ombres dans l’eau, reflets, sur laquelle flotte, repos, surnage, vert et bleu, est froid luisance. Si, dans la pénombre, enferme, se devine, reste blanc et noir sur bleus, lentement, dans l’eau, glisse, le mouvement, en reflets non troublés, s’enfonce, dans la lumière vive, écrasé au sol, jaune sur jaune, en verticales, horizontales, obliques, cercles, suites superposées auxquelles s’ajoutent les ombres, fantasmagorie blanche, illusoire palais de glace, sinon la luisance sur terre boueuse ou découpe blanche derrière laquelle se tient, humainement. Les pavés cimentés en différence de blancs, vont, de dos, plaques...
N° 294 (mars 2022), Événements
Artifice contre nature, comme il suffirait de, alors qu’isole ou bien est morcellement, le passage de, objet à chose ou son contraire, un souvenir, s’il faut, comme s’arrête alors, juste devant : un tremblement. S’érige ou se dépose, serait comme, établirait la projection, le va-et-vient, en sa concentration à, concentre, découpe, réorganise les rapports entre, établit un discours sur des riens : une sidération. Tracent, reportent, au sol, dessinent lignes, effet fantôme de ce que sont, un angle à zigzag ou floculation tant, qu’émerge, à peine, juste, et tant qu’occulte sur la façade aveugle ce que : une légèreté. Les affects résistent, surgissent malgré, dans le souvenir de quelques, juste, de quelques, ne sont que formes, rémanences, si, dans les fragments de lieux, amènent à, ne posent rien qu’eux : une nuance. Ce qui, dans les découpes d’espaces, s’impose, est une solitude de, relation de l’impersonnel à, dans le même au même, semblable avec, passage possible à un autre dans...
N° 293 (février 2022), Dispersion
Juste l’angle, les plans, dans la différence des gris, juste désigne, là, ce qui est espace, négligemment, qu’à peine, effleure quand regarde, puis concentre, ce qui peut advenir : un trouble. Ne sont événements, en eux s’abîment, comme ne reste, subsiste que, traces d’eux, légère empreinte, est l’usure, ce qui se trouve, là, à peine, ne se remarque, à moins que ne focalise : un drame. Est construction, arrangement, une géométrie permanente, s’établit diverses, à côté, côte à côte, de l’un sur l’autre ou, dans la confrontation, le rapport de, l’ordre, ou bien que manifeste : un écart. Dispose ombres, se diffractent ou s’interpénètrent, de l’une à l’autre, dans les gris lumineux, jusqu’à blanc dominent, s’il faut cadre, recadre, à l’intersection de, comme recoupe puis : un glissement. Ou bien au ras, de loin en loin, les bribes, éléments disparates, qu’éclats, qu’à la périphérie désigne, dispersion centrifuge, rebuts marqués, monuments fortuits ou qu’isole, ici et là : une...
N° 292 (janvier 2022), Neige fleurs soleils réduits
Brosse crème la surface en va-et-vient, marque sillons, imprime sillons, est fond, redoublement, mais en matière du support sur lequel va. Sur s’inscrit, descend, barbouille presque, malaxe terreux, s’imprègne de blanc, chaos onctueux qu’embourbe contre blanc vierge comme viennent s’inscrire tiges légères, ondulations, délicates barbes juste en surface, matière traînée ou repoussée, dans l’humus presque, son analogue. Qu’enchaîne, survienne, juste corolles, touches déposées en velouté, d’une trace à l’autre en concentré. S’achève herbier, fleurs écrasées, pressées en légèreté, n’est que dépôt à la surface, en légèreté. En autre, de boue s’enfonce, de terre s’imprègne, fleur ne s’extrait, s’enlise, de sa couleur à peine émerge, qu’ici racle enlève, ondulations Marden pour tiges, lassos ténus, fragile hyper gracile. Mêle deux surfaces, distinctes ensembles, de noir malaxe sur brun brossé, autour frôle cerne, pâte cambouis bile, contre bleu sali en est contraint, qu’absorbe l’étoilement...
N° 291 (décembre 2021), Sommaire
Je connais exactement la position qu’il faut prendre… Nous ne trouvons aucune solution satisfaisante… Il faut penser à d’autres manières de procéder… Ce n’est qu’une illusion causée par le lexique… Je prononce un mot que je ne connais pas… Je compare les différentes valeurs de gris… Je me débarrasse de toutes mes affaires… J’hésite sur la manière de me présenter… J’ouvre la porte sans gestes brusques… Il ne reste qu’une grande salle vide… Nous ne sommes pas là pour cela… Je regarde par-dessus le parapet… Il s’agit de se frayer un chemin… Le voyage paraît long et triste… Je m’excuse maladroitement… Je m’inquiète du moment où… Je n’arrive pas à me dégager… Il ne trouve rien à répondre… J’insiste sur la signification… Je suis contre les images… Je reconnais les figures… J’invente un système… Une femme l’aborde… Je me souviens que… Je vois son ombre… Un homme passe… Je fais des gestes… C’est l’anarchie… Je dois choisir… Je t’attends… Je l’arrête… Je tombe… Je refuse… Il fait nuit…...
N° 290 (novembre 2021), Figures multiples
Les phrases sont hachées et les grésillements rendent certaines propositions difficilement audibles. On entend distinctement des bruits qui échappent à toute indentification et certains mots résonnent. Le lexique employé est maladroit et il nous faut reprendre chaque terme un à un avant de poursuivre. Je comprends le sens d’un mot que je ne connais pas et tente de mémoriser toutes ses significations. J’énumère les noms de tout en traçant les contours tandis que les visages se transforment lentement. Il faut se frayer un chemin, évoquer les formes mortes, effectuer le trajet jusqu’à ce que s’épuise. Les inscriptions se répètent et donnent des informations contradictoires sur les paysages traversés. La musique évoque une séparation possible, une figure que l’on remplace, le redoublement des ombres. Il faut parler du doute, du trouble, des espaces dont il ne se souvient plus malgré quelques images. Mouvements vers, discussions sur, tentatives pour, tremblements de… j’affirme que quelque...
N° 289 (octobre 2021), Micro-récits
La figure centre les fragments alentour dans un geste de madone absorbée par. Le cri est arrêté. Les regards divergents indiquent le contre-champ, d’ouvert à fermé, de à, quand le geste est suspens mimétique, que penche la tête pour puis feint l’endormissement. Sont lignes rayonnant, perspective accusée, profondeur accrue. Est hérissé contre étal, duveteux contre duveteux. La figure s’approche pour saisir. Dans le jeu est un rituel même – à répéter encore et encore. Ou : dans la symétrie, l’axe se déplace… Est l’eau boueuse avec seul l’ocre autour. Sont les ombres parallèles sur, les vagues à la surface, comme s’entoure de noir, donne reflets et nappe floue. Regarde derrière. Se compose de motifs. S’homogénéise dans les tons et, quand reprend, lentement entoure, cerne, gagne sur, dans l’enchevêtrement de réseaux étoilés et lignes serpentines en images miroirs. Commence à, s’écoule, est l’étendue, quelques ondulations émergeant au bord avec halos, brillances. Est une vue d’ensemble,...
N° 288 (septembre 2021), Tout ce qu’il y avait
Ce le temps quelques-uns sachant qu’est tout près attendant dans la pièce qu’il n’y a pas d’autres pièces sinon un jour le ciel un endroit un jour la route poussiéreuse un jour la couleur à l’horizon un papier une peinture une image surfaces aux couleurs un peu passées dans nos mains à plat incapable de les inclure dans des couleurs passées un souvenir qu’il n’y avait rien ...
N° 287 (août 2021) Le dénouement
Cher P., la tonalité exacte reste à définir mais il est inutile de faire des phrases comme elles ne compensent rien ou, alors, il faudrait accorder la phrase à ta respiration qui est, maintenant, la seule chose qui nous lie. Les peupliers, balancement, s’immiscent dans le discours et j’ai retrouvé exactement où se situait la scène. Je synchronise visage et respiration pour enfin te trouver, pas te retrouver, mais te trouver. Je sais que les images ont perdu leur signification. Cher P., la première chose qui m’a surpris, c’est le bruit de ta respiration : inconnu, liquide, mélange d’air et d’eau, bouillonnement. C’est ce bruit qui reste durant la traversée des paysages, tandis que je retourne chez toi et, depuis peu, chez moi. Je vois encore cette cavité, qui était plus qu’une bouche sur laquelle je me focalisais, impudique. En attendant, je n’avais pas pensé au contre-champ et que c’était toi qui se trouvait, à chaque fois, de l’autre côté. Cher P., j’ai essayé de te toucher mais je...
N° 286 (juillet 2021), Les arbres, le noir
Cher H., la rivière est là, juste en face et je ne sais pas si, là-bas, c’est toujours la guerre. L’odeur reste familière, l’avion s’éloigne et personne ne vient, personne. Il faudra bien revenir sur l’isolement des gris, des camaïeux et gammes composées, mais pas tout de suite, plus tard, bien sûr. Et qu’est-ce qui peut bien recouvrir une phrase ? Est-ce qu’elles peuvent avoir une ombre ? Cher H., le courant est continu et cela fait maintenant des jours que et le bruit rappelle celui des vagues venant frapper le rivage. Les séquences s’épuisent d’elles-mêmes et je crains de ne plus pouvoir inventer une grammaire. Qui n’. Est une élision sans suite pour évoquer une logique sentimentale, une parenthèse possible, une suspension. La phrase ne veut pas se poursuivre ? Cher H., c’est surtout la vitesse du défilement de l’écume qui est remarquable. J’ai essayé de la calculer, sans succès. Je force des passages pour éviter la formation de plis. Il n’y a pas que les noms propres qui se...
N° 285 (juin 2021), L’infidélité
Témoigne d’un amour, d’une affection que se représente, d’un refus de choisir de manière exclusive entre l’une et l’autre, dans l’attachement aux souvenirs – images –, comme réside en un usage, manière de, images encore, que saisit et retient – conditionne –, en définit le cadrage, se règle par avance pour que la question ne se pose plus, puis détermine très précisément ce qui est à garder, à regarder, et témoigne d’un penchant pour, quand se penche sur un objet posé sur la table, sur une étagère, sur le sol qui témoignerait d’une inclination à, se représente, est toujours absent, hors cadre, n’apparaissant que de manière liminaire – poignet, menton, cou, pull-over, sweat-shirt, pantalon… –, donne volume et relief, à la surface – couleurs et motifs –, bouleverse – fluidité et adhésion –, s’émancipe et contamine la matière même de ce qui occulte, s’incorpore, est expulsé, se révèle, est rejeté, s’introduit alors même que vient brouiller localement la lisibilité – halos et reflets –,...
N° 284 (mai 2021), Plaine aphone
1. Je trace une frontière. J’équilibre des choses que je pensais ne pas pouvoir équilibrer alors que je devais juste les laisser être. Je ne veux pas perdre de vue l’histoire, le récit qui se poursuit, une culpabilité, une négligence, une défection… Je dis les mots suivants : pont, suicide, jour, sac, tiroir, prière. C’est un mensonge résolu. C’est un souvenir bon marché. 2. Seulement le lichen sur les hêtres. Seulement la folie, les poumons, le cœur, la mer, les troubles dans les quartiers lointains, l’excès d’histoires à raconter, un signe et une petite fille qui me montre ce qui est à moi. 3. Le visage sous la lumière jaune. Ce qui était creux auparavant. L’aspiration muette. Le soleil qui se lève. De nouvelles acquisitions. Des choses enfantines. Des actes aléatoires d’une violence insensée. Les nombres, emplacements, appareils, blessures. Des actes aléatoires d’une violence insensée. Une chose endémique, la peur du désordre, les limites, les artifices. Des actes aléatoires d’une...
N° 283 (avril 2021), L’impersonnel
Arbres dans la lumière, printemps, été, automne, hiver, comme passe, que filtre, dans la vibration, petits éclats, tremblements, d’ombres portées sur troncs, vertige de cimes en contre-plongées, tournoiement à vacillement, dans le couchant, l’orangé contre bleu, diluant en aveuglant, frappant le sol blanc, contre taillis, haies, sur la neige encore — sur la neige —, en un souvenir vague, s’effilochant, multiple, diffracté, que s’estompe déjà aussi vite qu’apparu. Survole, passe, au-dessus, passe au-dessus, par-dessus loin, de haut, la suite des paysages, de la campagne, passe, énumère ce qui s’offre à la vue, encore une fois le même, un autre, le même, la suite des bâtiments, parcelles, limites, routes désertes, dans la distance, à distance, dans la lumière égale, gris, couleur de poussière, qu’enveloppe, dans la reprise encore, de loin à, en passant par les haies, les champs, lignes de partage et les ombres s’allongent, maculent. Tel que se passe sur l’écran, teinte de vert en...
N° 282 (mars 2021), La salle des possibilités
1.
Il n’a aucune identité. Sa mémoire est uniforme. Il prend le verre vide. Il trace un itinéraire. Tout se déroule dans une chambre d’hôtel. Il marche dans la pièce. L’enquête est plutôt banale. Il ne sait pas comment commencer. Il n’y a probablement rien à trouver. Il s’assied sur le bord du lit. Il n’est même pas visible. Il se voit se regarder dans le miroir. Il ne peut contrôler ses tremblements. Un insecte passe sur sa main. Des gens l’appellent par son nom.
2.
Il n’a plus de temps. Le téléphone ne sonne pas. Il continue de fermer les yeux. Il se souvient de son enfance. Il se raccroche à ses émotions. Il préfère le mot conscience. Il sait que ce qui va suivre est faux. Il ne peut donner plus de détails mais il sait qu’il sera tué quand il se réveillera. Il est endormi quand ils arrivent. Seul un homme se tient devant lui. Son visage est totalement inexpressif.
3.
Il regarde la couleur du soleil sur le tapis. Cela se répand sur le sol carrelé. L’erreur — une illusion d’optique —, fournit le matériel. Il regarde le tas de poussière sur le sol. Il n’en comprend pas les raisons. Il constate que cette table brune à gauche est rayée. Il a besoin de temps pour formuler sa réponse. Les mots qui sortent de sa bouche sont ironiques. Quelque chose arrive quand il entend la musique. À ce moment-là, l’été et la fumée étaient passés. Il ne peut revenir en arrière car cela va disparaître. Il regarde tout autour comme s’il n’avait jamais été là. Il se parle à lui-même, mais ses lèvres ne bougent pas. La question qu’il se pose implique certaines pensées.
4.
Le couloir est dans l’obscurité et il n’y a aucune réponse. Il le rencontre dans l’escalier et prend l’un de ses sacs. Il peut entendre quelques insectes ou une sorte d’interférence. Trois courtes explosions déchirent brutalement le silence. Il a le sentiment de vivre quelque chose qui s’est déjà produit. Il ne fait aucune différence entre les sentiments et la pensée. Il pense à la raison non comme une faculté mais comme à un ensemble de sentiments et d’idées. Pendant ce temps, de l’autre côté, il voit une ville composée de bâtiments blancs.
N° 281 (février 2021), Se rappelle
De la modulation grise, des nuances à peine de gris sur, est l’étendue, fond étale, brises qui hébergent, se rappelle : « nuages, vapeurs, rayons, ombres portées, tombe à l’horizon, l’intersecte et disparaît ». Suppose une masse, gris blanc deviné par, se couvre de, se rappelle : « vapeur bleuâtre, vent, mousses flétries ». En gris vert fouillis à tâches vertes éparses en espaces abandonnés, se rappelle : « sur un tapis de primevères, sur un lit de feuilles séchées, sur une nappe de neige que brodait la trace des oiseaux ». À la trame régulière verticale d’un plus sombre à entrecroisements, résilles fines, se rappelle : « clairières, hautes fougères, champs de genêts et d’ajoncs, haies d’aubépines, de chèvrefeuille, de ronces, myrte et laurier-rose ». Au ras, en un mouvement permanent, écoulement constant de plaques, blanc contre maculations vert gris, se rappelle : « ces feuilles, ces fleurs, ces nuages, cette lumière, ce soleil, cette rivière ». Qu’est passage rapide de motifs en...
N° 280 (janvier 2021), Nouvelles des lueurs
Bleu en vibration dégradée avant que n’apparaisse, ocre brun, qu’une voiture roule lentement, de gauche à droite, disparaît — est l’espace entre chaque chose —, qu’attente dans la lumière jaunâtre, défilent — reconnaissance hypothétique des lieux — jusqu’à ce que les feux passent au rouge — comme inverser la perspective produit un contre-champ —, rebonds élastiques sur les pavés et passages différenciés au loin, suspension, au loin, bloqué, quand rien ne se passe que croisements occasionnels — il se peut que —, jamais n’arrive, est dualité — répétition —, reprend formes et couleurs — un profil, écrasement, frontalité —, sans plus rien attendre sinon qu’est — on dit là —, une, deux, rythme, que tout se passe au loin — dans le fond —, ne s’y passe rien entre — zone morte — qu’un obscurcissement atmosphérique dans la diminution comme les corps se grisent — lentement, lentement —, avec, juste, points, cercles, halos — essaie d’imaginer les sons correspondants — comme pourrait, dans le...
N° 279 (décembre 2020), Signes
… rue dans la foule passion conscience et peines toujours ce mot tête penchée visage souriant contradictions minimes corps source possible du son ce doute sa tête l’ordre neutre est lui là tout en restant dans l’attitude qui est celle d’un départ penché en avant un pied en avant de l’autre pied sans partir obtempérant d’un mot ce mot exagéré que je vois quand je quitte disparaît à moitié avec déception encore au début tends les bras d’un côté puis de l’autre d’une part et d’autre à travers chaque tendant vers mais quelque chose attitude leurs rires n’entends que cela s’étend confusion avec interruption reprenant où on le quitte ce qui cache déchirure semblable à ce que sais bercement à moins qu’elle devant est ce calme le secret ...
N° 278 (novembre 2020), Les vivants et les morts II
De la division, dans et dans, à l’intérieur de, segmentant, particularisant, est une réalité, dans et dans, dans le neutre, comme est construction fictive, jointure et chevauchement de moins, de moins en moins certain, comme n’est jamais, est échafaudage de planéité modulée, dans et dans la division par, sur laquelle s’ajoute l’été liquide, l’effacement dépassé rétablissant les frontières dans l’imparfait du bord, de la jointure, de la limite hermétique, des transparences ambigües, dans la vôtre, atmosphère, intensité étale, étalée, dans l’apparence toujours un peu troublée, qu’imbibe en variations, réaction plurielle des affects où vous dites la saison en blanc sur ou blanc contre, inexpressif autant, n’est gris chaos, dans l’absence contestataire, qu’enveloppe dans les possibles, supposés par et comme un parti pris, une intention secrète, remplaçant l’une par l’autre, allant progressivement du plus au plus fragile, qu’effectue la reprise, le passage transparence, l’emboîtement...
N° 277 (octobre 2020), Les vivants et les morts I
Chaos groupé, l’initial est effusion lyrique, compacité irrespirable. Le corps s’épanche ainsi, de haut en bas, même s’il tente de se maintenir. La répartition se fait par zones qui communiquent vaguement – il suffit d’additionner et de répartir. Il suffit de faire diverger les orientations possibles, les directions où il fait irruption, s’établit dans un interstice. J’écris il mais cela pourrait être elle comme les pronoms s’enchaînent dans le disparate, dans la possibilité d’un éclatement – tout au ralenti. À ce moment-là s’établit la surdité – sur et sur. À ce moment-là on pense au jeu qu’il ou qu’elle répète et fait varier avec bords frangés et pointes contre dans ruptures et construction de passages – de proche en loin –, focalisation latérale pour repasser à, dans les mouvements opposés et contraires des groupes différenciés, dans les relations soudainement établies, connexions basculantes – chute contre stabilité et inversement –, petits mouvements, pas de danse et...
N° 276 (septembre 2020), Carnets XII
676. Il s’agit de passer du plus artificiel au plus naturel. 677. Ou penser le passage à. 678. Trois solutions sont possibles. 679. Il regarde attentivement, dans le plus grand silence. 680. Il s’agit de fixer les lignes d’angle des murs. 681. Il va se lever. 682. D’après. 683. Je me souviens de mes livres d’enfance. 684. Je récapitule des figures impossibles. 685. Se tenir à bonne distance des choses. 686. À ce point de fixation. 687. Il dit qu’il n’y a plus d’intériorité. 688. Est exactement son imagerie. 689. Repasser sur — reprendre. 690. Je peux sentir le poids des choses. 691. S’inscrit dans le désœuvrement. 692. Il s’agissait de se confronter à des images impossibles. 693. Repasser sur, souligner. 694. L’exagération est le mode. 695. Le médium transforme tout. 696. Il s’agissait d’établir des systèmes de proportions. 697. Établir une liste exacte, exhaustive. 698. Il comprend. 699. Il liste. 700. Tout pourrait se résumer à des règles géométriques. 701. Il serait également...
N° 275 (août 2020), Carnets XI
594. Est un passage abrupt d’une figure à une autre. 595. Elle supplie du regard. 596. Plis, courbes et contre-courbes. 597. Dans le mouvement moderne. 598. Saisir, corriger, effacer. 599. Le mouvement domine. 600. D’un mouvement d’effroi. 601. Quand je saisis un fragment. 602. Le geste est l’éloquence. 603. Revenir encore. 604. Supposer un geste. 605. Supposer l’élégance d’un mouvement. 606. Supposer un emportement vers. 607. Décomposer les éléments du paysage. 608. Quand les figures se rassemblent. 609. Quand il se tend vers. 610. Alors que la violence. 611. Quand le geste est prélude à. 612. S’éloigne, se retourne, regarde au loin. 613. Ou bien ne dit rien. 614. S’attache à. 615. Dans le recueillement. 616. Par une ligne serpentine. 617. Dans l’emballement — est forcément soudain. 618. Ou la reprise permanente. 619. Se dissocie. 620. Tout théâtral. 621. Saisir toute la féminité en. 622. Il regarde droit devant, les yeux exorbités. 623. L’exactitude est la vérité. 624. Reprendre...
N° 274 (juillet 2020), Carnets X
522. Les formulations stupides. 523. Produire des figures hybrides. 524. Ou dans l’effroi des masques. 525. Il faudrait construire un monument. 526. Il faudrait agglomérer les figures. 527. Il faudrait étudier tous les gestes. 528. Il faudrait disperser les attitudes. 529. Il faudrait supplier. 530. Il faudrait reprendre la lutte. 531. Marcher ou bien danser. 532. Les mains autour de la jambe pliée et le dos légèrement courbé par la tension induite. 533. Elle semble — juste semble. 534. Ou elle se tient face à. 535. Il y a une ornementation de. 536. Il s’agit de disposer les différents éléments du décor. 537. Il s’agit d’abord de transposer. 538. Il s’agit d’établir un répertoire formel. 539. D’être attentif au détail. 540. D’établir une liste des structures possibles. 541. La nudité du fond. 542. Ou le décorum. 543. Je revois le paysage, l’ombre des arbres, la rivière en contrebas et le paysage s’étendant paisible. 544. La suite et l’interruption. 545. S’attacher au fragmentaire....
N° 273 (juin 2020), Carnets IX
447. Et les variations du même. 448. Dans l’offrande. 449. Ne se devine. 450. Comme un frottage ou un relief. 451. Un stéréotype de la sagesse. 452. Dans l’anodin de. 453. Il va tenter de se relever. 454. Les figures lentes et hiératiques. 455. Reprendre le possible des motifs. 456. Percevoir la qualité de la stylisation. 457. Encore dans l’arabesque. 458. Ou encore dans la figure à l’arrêt. 459. L’humour d’une déclaration d’amour. 460. Rien ou presque. 461. Il faudrait tout simplifier à l’extrême. 462. Un passé synthétique. 463. Des figures d’épopée. 464. Ou dans l’académisme. 465. Dans la gestuelle — n’est que. 466. La reprise. 467. Encore et encore. 468. L’espace est, en lui-même, une cérémonie. 469. Des figures disparates en fragments dans l’espace. 470. Toute la pompe de. 471. L’époque est une pose. 472. Un fragment de corps — toute l’étrangeté de. 473. Encore une fois. 474. Je la vois, elle, enfant. 475. Dans ses poses et mimiques. 476. Efface son visage. 477. Les visages...
N° 272 (mai 2020), Carnets VIII
385. Comment elle tient. 386. Il suffit d’un léger décalage pour. 387. Elle pose sans même s’en rendre compte. 388. Est presque comme une procession. 389. Ne peut être que dans cette classe sociale. 390. On entend presque les échanges murmurés. 391. Dans la lenteur de la marche — se tenir. 392. Dans ce qui n’est qu’une enveloppe. 393. Elle en devient presque orientale. 394. Elle se retourne vers, guette. 394. Elle la console d’un geste. 395. Elle est attirée par. 396. Dans toute la drôlerie d’une attitude. 397. Les noms suivent la forme des choses. 398. Est un passage brutal à — sans transition. 399. Quand presque tout est précisé. 400. Il s’agit de décrire le paysage. 401. Il s’agit de commencer à agencer. 402. Ou de se rappeler. 403. Dans le changement d’échelle. 404. La forme est un contour qui se déploie dans l’espace. 405. Le décorum doit être très précis. 406. Le passage d’un toit à un autre, la silhouette des cheminées, etc. 407. Est hagard. 408. Tout le corps pour...
N° 271 (avril 2020), Carnets VII
316. Les collines, le fleuve, la berge dans la banalité des tons. 317. De la disposition des choses et de leur espace. 318. Vêtements délicatement ombrés. 319. Tout une géométrie sur la table de toilette. 320. Cette opération que la lecture. 321. Était une civilisation de lecteurs. 322. Dans la fatigue extrême. 323. La difficulté à rendre la chose. 324. La femme, l’oiseau, les plis, dans la chute de. 325. Faire l’étude des plis et des mouvements de. 326. Un bras : l’élégance dans les plis. 327. Ou faire une attitude psychologique. 328. Du faux dans le saisissement. 329. Les mains : ce qu’elles pourraient faire ou tenir. 330. Un détail sur les doigts — juste. 331. Dans l’effacement de. 332. Elle remonte lentement son bras, dévoile les plis. 333. Dans la volonté de la ressemblance, saisir ce qui est unique. 334. Il semble qu’elle va s’assoupir. En attendant, elle observe. 335. Une suite de gestes et de mouvements. 336. Une conversation en plein air : des secrets sont échangés. 337. Une...
N° 270 (mars 2020), Carnets VI
244. De moins en moins. 245. Jusqu’à l’accélération. 246. La saillie. 247. Le jardin donne sur. 248. Arabesques dans la sensualité potentielle d’un paysage. 249. Un précipice ou bien une chute. 250. Dans la pensée géologique. 251. Est un corps, un animal. 252. Dans le grotesque de la posture. 253. Il ou elle est endormi. 254. Reste la coupure. 255. Noter le plus fidèlement possible les nuances. 256. Juste roux violet et rien d’autre. 257. On peut penser nuages. 258. Ou bien ne sont que lignes. 259. Des formes d’ouvertures. 260. Un geste ethnographique. 261. Pense bulbe, pétale. 262. Du comique dans l’accoutrement. 263. Est une trajectoire. 264. Une silhouette définit une psychologie. 265. Saisir le mouvement. 266. Je suis dans le paysage au ras de l’œil. 267. Est une agilité optique. 268. Figures flottantes et fragments. 269. Établit un mouvement circulaire. 270. Saisir le saut. 271. Reprise du mouvement circulaire. 272. Encore dans la démultiplication. 273. Encore dans la somme de...
N° 269 (février 2020), Carnets V
169. Je finis l’énumération : de gris clair et saumon rosé avec tache rousse un peu rougeâtre, blanc rosé comme salissure estompée, jaune citron, rouge de Saturne, blanc, lilas framboise, vert gris, noir, blanc, vert pomme, blanc, lilas rayé, orange doux, blanc en très peu gris, lilas foncé, bistre, bleu et noir, cacao et blanc. 170. Dans l’à peine de — pour mémoire. 171. L’exotisme comme mélancolie. 172. Une rapidité partielle — à moitié. 173. Semble être un collage de situation. 174. Petite lueur gris perle : idem transparente. 175. Les figures sont les éléments rythmiques. 176. Partiellement : extraire. 177. Puis reprendre dans la précision. 178. D’une figure à l’autre — distance. 179. « Jolis seins et bras. » 180. À moitié. 181. De face aussi bien que de dos. 182. À travers champs — vite. 183. Ainsi coupé. 184. Les uns dans les autres, reflétant tout. 185. Par une pression de la main — définir. 186. Et reprendre comme une pluie. 187. Une élégance s’inscrit vite. 188. Jusqu’au...
N° 268 (janvier 2020), Carnets IV
133. Le roman balzacien domine. 134. La méchanceté des figures malgré « gris et rose, bleu tendre, gamme souple, claire ». 135. Si peu dans l’espace. 136. Des mouvements contraires dans la fuite. 137. De l’extase orientale à sa feinte théâtrale. 138. Le choix entre la phrénologie ou la psychologie. 139. Et pourtant dans les attitudes et regards. 140. Une silhouette : gris de fer pommelé sombre, couleur de feu. 141. Je peux imaginer toutes les pensées dans le silence. 142. Une vue dans le mouvement : en montrant quelque chose. 143. Le contemporain ou le jugement moral. 144. Répète après moi : des deux côtés de la porte, en manière d’attributs. 145. Se concentrer sur un bras, une main crispée, une élégance. 146. Répète après moi : paille grise, bleu clair, café au lait brûlé, plume grise, robe rose, dentelle noire, tête pâle verte, châtain roux mat, vert d’eau blanchâtre, blanc mousseline, paille blanc, vert foncé sobre, noir. 147. C’est probablement une scène. 148. Dans...
N° 267 (décembre 2019), Carnets III
90. Domination des ombres — posées sur. 91. Est l’intimité de l’acte domestique — répète une image. 92. Où la copie diffère de l’original. 93. Pense l’écart entre masse sombre et légèreté : « fond gris ardoise, rideaux blancs, lilas blancs et noirs. 94. Épanchement blanc sur, vision hallucinée d’un serpent fantôme, toute la gamme lumineuse à travers les nuages — petits pans de murs blancs — est dans la monumentalité. 95. La tache, l’attaque, le triangle. 96. Sans rapport : « ciel jaune gris violacé avec quelques nuages gris lilas comme un rideau semé comme de petits chevaux gris ». 97. Est toujours une scène de théâtre, est une procession dans l’éclat blanc. 98. Élude la psychologie : « Robe blanche, décolleté et bras nus sous la robe, un ruban noir avec nœud autour de la taille et ». 99. La précipitation et les échanges dans la cohue. 100. De l’inspiration archaïque — est une étrangeté… 101. …à la modernité la plus directe — passer sans cesse de l’un à l’autre. 102. Scènes...
N° 266 (novembre 2019), Carnets II
51. Le désespoir d’un paysage : tonalité gris brun. 52. Mouvements et pas de danses populaires, figures du bond et attitudes. 53. L’histoire est une rhétorique des formes. 54. Recopie les formes archaïques — une naïveté figurée. 55. Inclusion des images du temps : contraste. 56. Un fait divers monumental. 57. Le décorum. 58. Une figure vite dans l’emportement d’un paysage. 59. Un précis d’anatomie surprend. 60. Les formes naturelles se figent. 61. Visage contre paysage : une sensualité contre une distance. 62. Réduire le monde en une série de vignettes – « et surtout la figure bien bordée par ce voile noir ». 63. Le paysage comme une suite de dépressions. 64. L’humour de figures elliptiques. 65. La narration ne fait plus sens. 66. Penser la question de l’échelle — du monument jusqu’à l’homme. 67. Dans la reprise, le semblable, le similaire. 68. Ou bien un écart dans l’interrogation. 69. Le titanesque des éléments (nuages, montagne, mer) pour une construction romantique. 70. Le...
N° 265 (octobre 2019), Carnets I
1. Tout serait collisions, fragments, éléments hétérogènes, choses vues, notations s’interpénétrant — animaux, figures, bouts de paysage sans qualité. 2.Dans le délavé d’un paysage — morosité. 3. Du détail précisé à celui suggéré, passe du proche au lointain. 4. D’un trait hâtif, dans la vitesse : saisir. 5. Combat lyrique par exagération des poses. 6. « Charmante vierge d’une solitude volontaire à l’entrée d’une forêt » : un effacement. 7. Le théâtral est la situation idéale de l’action. 8. « Vert grenouille – rouge brique rosé – vert turquoise – orangé – café au lait – gris perle – jaune ocre – noir de basalte – cornaline – violet agate-améthyste – orangé terreux – blanc de lait – granit rosé » : se souvenir des nuances par le mot. 9. Gestes, poses & attitudes. 10. Un songe mythologique à établir. 11. Paysage, cheval, chien, tortue : passages, superpositions et vides. 12. La psychologie par les attitudes corporelles : le début d’un roman. 13. Un souffle sur. 14. Contient dans...
N° 264 (septembre 2019), Substrat
Transcription du monde continuellement sensible – impressions et réminiscences – jours oubliés – temps incorporés – résurrections d’un passé indéfiniment déroulé – images évoquées – lieux lointains – sensations – impressions factices et réelles – gestes insignifiants – choses – matières – couleurs – points communs et différences extrêmes – plis et cassures – perpétuels regroupements de plans différenciés – puissance latente – ébranlement des sens – frémissement – excitation – étourdissement – profondeur – jouissance directe – journées – lumière – matins – rumeurs – odeurs respirées – fumées – flots de brume – nuages – averse – lumière – sensations de grande chaleur – promenades – bruit de pas – bruits communs – verdures du parc – fontaines publiques – clocher – prairie – vue d’arbres – ligne d’arbres – rangée d’arbres – voie bordée d’arbres – rideau d’arbres au soleil couchant – lumière et ombres – oiseaux – sonorité – silhouettes d’arbres – pénombre – obscurité – impressions de...
N° 263 (août 2019), Déviations perpétuelles
De sorte que ou, du moins, l’absence, peut être, n’est pas, mais réduction ou extinction, oubli seul qui la contient, ne tiendra à ce que, que comme à, que dans notre pensée et, cependant, l’exprime en présence d’une autre que nous nous trouvons, ne nous apparaît qu’après s’être diffusée, la modifie tout de même en déviations perpétuelles, que reste très peu, sinon la détermination, amène à imaginer un autre stratagème, pour découvrir ce que ne connaissait pas et qui n’apparaît que par, ne nous livre jamais qu’un seul aspect à la fois, relève de, dure, vit encore, et avec lui s’y profile, les multiplie, parallèlement à l’appel de moments équivalents, dans le bruit de, l’assourdissement, avec un pouvoir égal, dans la pesanteur, continue indéfiniment, finit par venir, de sorte que, impose des modalités différentes de l’idée, laquelle se trouve comme plus dispersée ou plus compacte, en modifie le caractère tout autant que les impressions qui lui étaient associées, dans la transformation...
N° 262 (juillet 2019), Autour
Les grands rideaux de la fenêtre, la chambre, les nuances des premières raies du jour, les rues, les bruits de la rue, l’odeur, l’espace vide résonnant au matin, le bleu, le roulement du premier tramway, le bleu, les fenêtres de la salle de bain, le ciel, la légère opacité de verre, la lumière, les feuillages dorés, l’odeur, l’odeur des brindilles de bois, les éclats, une pluie égale et continue, les arbres, les ombres autour de moi, les arbres, les premières cloches d’une église voisine, le sable, le ciel sombre, les reflets, les toits mouillés, l’écume, les ardoises gorge-de-pigeon, la salle à manger, un ciel sans nuages, la façade, le son des cloches, le son, la façade cuite par la soleil, le ciel, la salle à manger obscure, les ardoises, l’écume des vagues, les toits, les reflets de voiles sur l’eau, le ciel, nos ombres, le sable rose de l’allée, les cloches, les clochers, les arbres alignés, les ombres, des clochers, les arbres le long de la route, la pluie, des clochers, les...
N° 261 (juin 2019), Résistances
Perception accrue dans le déchiffrement, intensité, stridences, inharmonies, un sentiment de contiguïté – de délire de contiguïté –, pour jumeler la relation du système latent phono-auditif à la relation du souffle périodique, passage, séparation, salves éclatantes par réverbération, dans la durée de l’inscription optique en durée de l’inscription scripturale, échanges, perturbations, vibrations, constitution d’une objectivité (période, contiguïté, relations...
N° 260 (mai 2019), Les distances verticales
Il peut. Il est la seule réalité. Il est un monde intellectuel. Il soulève tout. Il modifie les choses. Il dirige mes actions et cause toutes mes souffrances. Il n’offre pas de formes permanentes. Il ne peut être que différent. Il blesse le silence. Il renverse mes impressions. Il me fait prendre conscience. Il est comme un indice. Il me montre. Il me montre les distances verticales. Il n’est plus. Il survit longtemps en moi et je suis seul. Je reste seul. Je suis l’erreur. Je pense à. Je me dis que. J’incline à croire. Je prends conscience de. J’apprends la mort. Je ne trouve rien en elle. Je suis secoué. Je ne peux retenir un sanglot. Je sanglote. Je m’entends moi-même pleurer. Je m’enferme dans des solitudes. Je ne pense pas à la continuité. Je me rappelle de la signification. Je ne peux arriver à aucune forme de certitude. Je m’habitue à. Je peux chercher. Je n’exige plus rien. Je ne distingue plus les bruits. Je guette le passage. Je ne vois pas. Je n’arrive pas à le voir ou à...
N° 259 (avril 2019), Staccato accentuato
Elle danse, s’écarte en silence, fait encore un pas, gémit légèrement, hausse les épaules, ignore l’homme en face d’elle, jette sa cigarette, lâche un soupir, manie quelque chose dans son sac alors que le ciel s’obscurcit de nouveau et paraît de plus en plus sombre. Il la questionne encore une fois. Elle raconte lentement l’histoire d’une voix neutre. Il sait déjà ce qu’elle va dire, se tait, vérifie l’heure, l’accable. Elle baisse les yeux, la tête. Il caresse ses cheveux distraitement. Elle ne décide plus de rien, n’échafaude plus de stratégies, feint la soumission tandis que sa haine grandit, hésite un instant, s’illumine tandis qu’il se joue d’elle. Il se lève avec lenteur. Elle marche docilement, lentement, à ses côtés, observe attentivement la crispation du visage tandis qu’ils parcourent les rues désertes. Il la quitte. Elle ralentit, le scrute, se tient sur le perron, le voit au loin, accepte sa disparition, ne bouge plus. Il change de direction tandis que le ciel se décolore...
N° 258 (mars 2019), Inflexions
…aux troubles permanents de la mémoire, à l’existence du corps dans la douleur perpétuelle qui reste en nous dans des souvenirs d’ordres différents et simultanés, dans la conscience de… …bouleversement dans la crise – fatigue –, tant que sanglots et larmes ruissèlent, dans les moments de détresse et de solitude où ne reste rien de, rendu à soi-même, à soi à l’instant… …dans l’attente de l’heure, maintenant que, heure après heure, ne serait plus jamais et sentant que ne reviendrait plus, découvrant que et apprenant là qu’était perdu pour toujours… …dans toutes les sensations conservées ou ressaisies, expulsant celui qui les a vécu, le rendent si présent, de nouveau si près de, qu’il semble encore saisir la totalité de ce qui l’a environné… …dégageant si peu de vérité, ne pouvant jamais extraire ce qui est si particulier, dans la spontanéité de, dans les inflexions et les brusques révélations de, comme creusées en, selon… …de tout ce que l’on doit percevoir, dans les bruits, dans la...
N° 257 (février 2019), Chromo
Longue plaine sablonneuse et ondulations dans lointain transparent, vaporeux et bleuâtre. Ciel couleur des fenêtres et nuages blancs en défaut du verre. Expositions d’heures différentes sur angles du mur à côté de reflets. Ombre sur moitié d’étendue délimitant ligne mince et mobile. Espace vide réservé autour de surface translucide abrégée. Émanation de chaleur impalpable et blanche comme voile. Inégalités âpres, jaunes et comme boueuses de surfaces. Rayon du soir simple et superficiel comme tremblant. Bande de ciel rouge au-dessus de comme gelé. Prisme où se décompose lumière du dehors. Loques roses et bleues sur eaux encombrées. Surface chaotique et retentissante de crêtes. Pan de soleil plié à l’angle du mur extérieur. Espaces de couleurs nettement tranchées. Bordure rocheuse de triangles empennés. Figure raide, géométrique et passagère. Centre de gravité à mi-hauteur du ciel. Émail blanc, inaltérable et crémeux. Angle ensoleillé de bâtiment isolé. Couleur immuable comme signe....
N° 256 (janvier 2019), Proposition indéfinie
Au fil des heures, dans le temps qui s’écoule lisse, isomorphe, sans bouleversement, sans événement ou presque, dans l’espace familier, anodin, comme n’arrivent que quelques images confusément entrevues, dans le regard insistant sur l’immobilité des choses autour, dans l’immobilité égale de la pensée, où rien n’émerge véritablement, sinon quelques bribes sans réelle consistance, sinon la mémoire de, les traces sur les murs considérées longuement sans que cela ne produise d’effets, dans la pensée de l’existence, la pensée que j’avais, la notion que je cherche, dans l’évidence de l’impossibilité de la pensée au moment même où affleure qu’elle n’est discernable, qu’elle restera voix lointaine, amenant sans cesse le même état, la même stase, dans les bruits environnants et le vide devant, avec l’image indéfinie et plus qu’un vague souvenir visuel, presque sans forme et sans saveur, devenant de plus en plus une simple surface sans qualité ni profondeur, amenant par attraction d’autres...
N° 255 (décembre 2018), Puis rien
La pendule de bronze sur le dessus de la cheminée, fleur rouge sur le bord de nappe d’un blanc bleuté, reflets des figures dans la porte vitrée, moulures rose doré des boiseries de la porte, reflets très légers sur parquet ciré sombre, brume nappant le vert des collines alentour, sinon bleu et rose pâle, les trois fleurs à l’avant, sinon l’entrebâillement d’une porte et les herbes hautes, le jour dans un miroir, les cyprès et terre rouge, les vitraux blancs d’église, reflets des maisons dans l’eau morte, pièce sans meuble et neige et quelques lignes d’arbres dénudés… Reprise : le bord de la main contre le visage en le dissimulant, les bras contre le corps dans la lecture assise, les doigts rentrés à l’exception du pouce dans l’échancrure du manteau, l’index légèrement plié sur la poignée de porte, la main gauche derrière la taille et vient toucher le creux du coude du bras droit, le revers de la main appuyée dans le bas du dos, l’index levé contre lèvres qui intime au silence, les...
N° 254 (novembre 2018), Théorie du monde
Je suis moi-même dans le couloir. J’hume le parfum de la maison. Je jette un regard dans l’escalier. Je surveille son ombre. Je la regarde quand elle passe et me dit quelque chose. J’effleure sa robe d’été. J’entends quelque chose. J’entends l’écho. J’entends le bruit oublié de la rivière qui m’absorbe. Je me dirige vers elle. Je m’éloigne à peine. Je me tiens dans la futaie. Je respire encore une fois le parfum de cette fleur et les odeurs des fougères. Je suis si loin d’elle. Je ne sais rien sinon que je suis et que j’étais couché sur l’herbe de la rive. J’imagine que c’est la nuit. J’entre dans la rivière. Je remonte la rivière à contre-courant. J’oublie qu’elle se souvient. Je continue de me souvenir. Je suis tenté d’appeler son nom. Je reprends sans cesse la même pensée. Je ne reviens plus jamais dessus. Je commence à voir ce que je vois. Je prends conscience de moi. Je me laisse de moi-même tomber. Je manque les choses et les prends à partie. Je me défais de moi-même. Je...
N° 253 (octobre 2018), Il énumère
Il commence par une lettre familière. Elle n’est pas restée là où elle était. Il veut lui faire croire qu’elle existe. Elle contient ce qui reste quand tout a été détruit. Il s’arrête en plein milieu d’une phrase. Elle entame sa chute. Il est sans rancœur et sans ressentiment. Elle s’allonge et se dissimule. Il donne le sens. Elle devient telle qu’elle est. Il n’a de cesse de faire ce qui doit l’être. Elle n’a rien à répondre. Il s’absorbe dans sa propre qualité. Elle n’est plus à l’instant la même que celle d’autrefois. Il ne se souvient plus d’elle. Elle rassemble ses cheveux en arrière. Il s’épuise phrase après phrase. Elle se trouve là à présent. Il traverse pour aller vers le côté ombragé de la place. Elle dénoue sa ceinture et s’allonge. Il balaie tous les verres d’un revers de la main. Elle entend tout ce qui lui échappait. Il se laisse tomber vers l’herbe. Elle ouvre son peignoir. Il met ses mains derrière sa tête et inspire profondément. Elle commence à voir. Il réitère...
N° 252 (septembre 2018), Les choses
Que je tiens dans mes mains, ne manque, tel qu’est et reste, une fois encore, et est tellement réel comme tout existe et continue : moi qui suis, le bruissement, mes deux mains, la mer, fleurs de pommiers, leurs branches, le jour qui se lève, ce qui est et n’est pas, est sur le point d’arriver, naît, dans un temps très court, en d’innombrables choses. Et mon corps qui n’est que lui-même, est sans cesse accompli par lui-même, dans le fragile exposé au soleil, dans le monde temporaire, un instant rappelé par des bribes de souvenirs où finis, me retrouve sans réponse, cesse de porter le nom des choses, en retenant mon souffle jusqu’à ce qu’il ne reste rien d’autre que, qu’aucune chose ne ressemble à une autre, dans les sentiers, les fourrés, le feuillage, l’achèvement comme ce dont il s’agit est quasiment tout ce que je vois : le sorbier, la chaise sur la terrasse, le cygne, l’orage, le ciel se faisant et se défaisant, s’étirant, s’étendant, irrévocablement vrai, parfait souvenir d’une...
N° 251 (août 2018), Traces
Marche, regarde, pense, pense à une chose puis à une autre. Regarde le décor, les objets, les tonalités, valeurs, formes, matières. Tout est clair. Il n’y a que des images, images mouvantes, hétérogènes, qui défilent, capables de toutes les analogies, de toutes les métamorphoses, se modifiant lentement, en permanence, qui sont, s’effacent en un instant, s’effacent dès que, ne laissent pas grand-chose, ne sont plus, n’auront été qu’une parenthèse, moment de suspension, aspiration. Répète. Répète pour penser à autre chose. Regarde tout. Ne fixe rien de précis. Change les perspectives, le point de vue – chacun son propre angle, son cadrage. Prétends que. Affecte, dans sa possible répétition ailleurs, à un autre moment, devant cette, devant le soulèvement, le saisissement provoqué par l’incohérence des sensations, ne faisant plus qu’effleurer, essayant de passer outre, de faire comme si certaines situations évoquaient des images, se constituaient en images ou en réminiscences d’images....
N° 250 (juillet 2018), Grésillements, cris, air
Tonalités, valeurs, composition sont là, demeurent, perturbent, n’est que nuage, série de bruissements multiples superposés, sans relation les uns avec les autres, à mettre en relation, que n’arrive plus à, qui n’apparaissent plus que comme vibration, que tente de, mais qui se dérobent, dissimulent, s’estompent, qu’il faut se concentrer, filtrer les fréquences, isoler chaque bourdonnement, ré-établir des connexions, re-linéariser les articles avec les mots, les pronoms avec les verbes, relier les lettres, dans la reprise, le ralentissement progressif, que sélectionne, reprends encore, cesse de, cesse de, n’est plus qu’un défilement auquel adhère, m’identifie, suis le, suis ce, cela, dans tous les détails des lettres et des mots, jusqu’à ce que plus rien ne bouge, ne s’agite, que ne demeurent que formes floues, lignes sans sujet, texte devenu image, bruissements harmonisés, dans la perfection géométrique des lignes, la netteté absolue de la surface où tout est dans la perfection de...
N° 249 (juin 2018), Cela
Cela : la porte, son encadrement, la découpe, la forme, son dessin, la lumière, les choses tout autour… se superposent, se recouvrent, soulignent, s’embrouillent, se dissimulent. Je projette sur les rails, les immeubles, les taillis, les herbes folles, les zones. Je projette, ici, une géométrie, les lignes droites, les courbes, lacets, circonvolutions. Je simule. Je m’exerce. Je exerce ici. Je, irrationnel, déconstruit. Je, les décompose. Toutes les formes perdent leur simplicité. Je défait les matières, les surfaces, les couleurs. Je est concaténation : polygones, cubes, sphères, cônes enlacés. Je devient, apparait, reprend et ré-agence toutes les structures sous-jacentes. Je est le schéma complexe qui approche, recompose et réintègre surfaces, textures, lumières et ombres pour revoir, enfin, l’écorce, la rugosité, les anfractuosités, les collines boisées, les remous sur les pierres plates. Je changera. Un nuage s’écartera. Je regarderait, comprendrait, les différences entre les...
N° 248 (mai 2018), Ne repense
Sur l’herbe recouverte de givre, est comme une sidération, presque comme, comme la différence importe, est comme le givre, le sol givré, les nappes non loin, ou nappes de brouillard s’élevant du, le soleil se lève, que me regarde, sais qu’idée d’un monde n’est pas, n’est comme se levait le jour d’avant, encore avant, recommençant, serait semblable à celui qui était, dans le bosquet non loin, dans la mousse s’accumulant comme au début du tronc, dans le lichen sur, dans la branche cassée au sol, comme le cœur, l’écorce autour, le lichen sur, toutes surfaces superposées, disponibles, en cette branche cassée, en cette chose qui passe, d’abord, que regarde machinal, va se désagréger lentement jusqu’à n’être plus, comme cela, sans, mais qui est là, devant, juste parce que passe, attire le regard en, sans rien faire d’autre, tout autour, tout cela, du peu, pas grand-chose, presque rien, que sa position offre, devant ces choses qui, ou presque, et se précipitent vers, se répètent, partout,...
N° 247 (avril 2018), Entends
Entends. Fais ce que. Reste sans bouger. Fais ce que en retenant ton souffle et, t’étant reconnu, reste qui tu es. Reste dans. Reconnais toi et reste avec toi-même jusqu’à ce que rien ne demeure des choses niées par toi, qui ne sont cependant pas – ne sont pas. N’abandonne pas si vite. Ne le fais pas. Refuse d’imaginer. Ne disparais pas. Reste ici, immobile. Translate-toi. Soustrais-toi au mouvement – quoiqu’à peine. Soustrais-toi à la lumière se dissipant déjà – s’agit-il de cela. Soustrais-toi à rien. N’effectue pas ce qui s’efface. Soustrais-toi à cela, à la chose même. Retiens-toi. Rappelle-toi. Rappelle-toi. Respire. Bafouille. Surgis puis efface-toi. Prends congé comme il se doit. Laisse tout derrière toi. Disparais de tout souvenir. Deviens fumée. Supprime les lignes, les mots mutilés. Convoite la vue même qui t’est offerte. Ne parais plus. N’objecte rien contre. Referme-toi dans la marge, dans sa fluctuation, telle que se reflète en elle-même, se perd en elle-même, n’est...
N° 246 (mars 2018), Résonance de
Courbes, courbures, traces d’usure, près de, contre le blanc, venant et se montrant tel qu’est, qu’existe, ne cesse de, sortant de, refluant, se fixant, se vidant, s’exprimant dans ses variantes, se repliant en lui-même, en son maintenant, pour lui-même, s’ouvrant, continue, veut advenir dans l’immobilité des choses, est ici, ne cesse jamais de, ne fait, si même ne veut, tandis qu’est souvenir de toutes choses qui peuvent être, qui seront, d’une chose qui a été là un jour, avait été, est, ressurgit à la lumière, existe encore, se rappelle de plus en plus, n’a jamais vraiment existé, n’est pas un souvenir, perception, se trouve précisément là quand il n’y a rien, est chose niant le mouvement, n’est jamais autre chose, est, occupe les pensées encore et encore, de façon de plus en plus pénétrante, occupe chaque idée, chaque phrase, se conforme localement à, dans un geste fluide, sans que rien n’arrive, dans le calme, l’absence, une fois que s’est déplacée, que la phrase s’est trouvée,...
N° 245 (février 2018), Dérive de
La table, la fenêtre, le vase, une photo, la rive, un miroir, une chose, que rien ne se passe, que cela arrive, s’oublie et se mêle à l’écho, de plus en plus, grandissant, jusqu’à ce que tout ait disparu et se jette, se rejette, alors que passe, avant de se séparer pour évider tout ce temps, le lointain, pour que garde au moins, avant que ne sois, que ne m’efface aussi vite que, juste avant de, une fois que, avant d’être absorbé, dans le temps lui-même, devenant ainsi, lentement, presque imperceptiblement, à travers lui-même, tourbillonnement, fumées, idées s’enracinant – idées quelles qu’elles soient –, avant de me rappeler, comme pas même, que ne reste presque rien de ce qui se fracture, que me représente en un nombre infini de polygones, que n’est plus moi, n’a plus besoin, même si c’était moi, d’être moi, en persévérant dans le mouvement, en collant au mouvement, en faisant que chaque moment soit à jamais figé sur, par un fourmillement de la pensée pour parvenir à en garder la...
N° 244 (janvier 2018), Pour que ne finisse
Et, finalement, au son de la fin, est déjà fini, ne reste plus qu’à finir en ce jour qui ment jusqu’au dernier soupir, a déjà expiré et était ensuite un temps qui finit aussi, disant ces années sont pour toujours et celles passées avant jamais plus, même s’il avait été, si encore, comme temps passe et ravage, sans fin, si nous nous sommes encore avant ou après ou pendant, à peine un peu, le temps à peine, dans la vie à vivre qui, ensuite, s’abrège, d’une vie dont ne reste que et ce qui reste et souvent n’est pas vrai mais est mieux que rien et si, peut mentir, dépose pour que demeure là où sera tant que cela continuera. Et toi, toi qui m’écoutes, tu seras la partie que tu auras faite, après que la fin, seulement, ait donné un sens au parcours, est ce qui a été fait, qui devrait être fait, est cette interruption, quand on ne peut pas rester et passe, passe encore un jour, et un autre qui passe comme s’il restait et est cet oubli, comme si s’en aller n’était que ceci, comme si le dire...
N° 243 (décembre 2017), Grâce à la conjonction
Su reconnaitre, donner un nom, échappe assez pour, ne regarde jamais, que regarde plus pour, que n’intéresse non plus, que seuls quelques retiennent, pense, connais d’autres, serais incapable de, ne parle pas de, ne parle pas des noms, ni des choses, des noms trop nombreux pour désigner, que sont tout aussi nombreux et échappent à la nomination, que ne connais, ne cherche, ne trouve, sais que, mais ne recouvre aucune réalité sinon que regarde, regarde même, ne sais ce que, ne sais, sans pouvoir dire ce que, sans pouvoir dire, sinon que, sinon que regarde sans raison, suis, ne pense, suis ce problème, regarde ce, fixe, s’étonne des formes, apparaissent grâce à la conjonction comme évènement, surgissement, que regarde, considère sans, quelque chose se produit comme, pense que c’est cela que, qu’on ne peut pas le dire autrement, qu’on ne peut dire autre chose pour l’évoquer, que l’on peut dire n’est pas, serait plutôt, parce que, que l’on regarde enfin, que ce qui est regardé est, finit...
N° 242 (novembre 2017), Pâle
Un parc, des arbres, quelques parsèment, à l’étang, dans sa coupe propose, pense la répartition, équilibre de peu sur l’horizon, le plan, au ciel de bleu léger que modulent nuages en presque indistincts dans les strates moutonnement ou en quasi fumées vers l’horizon, le bas, au bosquet le plus dense et son arche que forme dans le sombre étalé minéral, quasi creux d’Étretat, à l’enroulement des cimes repris, écho multiple, aux groupes d’arbres comme figures en pleine discussion, aux reflets à peine à la surface de l’eau que rien ne vient rider, surface miroir presque contre l’agitation vibrante de toutes celles du monde, à devant le plan d’eau, une statue, figure indistincte seule et, juste à ses pieds, deux figures assises avec peut-être un chien, évoquent homme et une femme, quand, sur l’autre rive, trois figures se tiennent, femme assise dans l’herbe, homme qui se penche vers elle, dans le geste d’offrande ou bien la monstration du fruit de sa cueillette, des fleurs accumulées dans...
N° 241 (octobre 2017), Noir
De la découpe sur noir du profil passe au lignes parallèles, réseaux stricts colorés des plis et ligatures, aux très légères torsions que contaminent un peu tous les motifs floraux, éclats multiples autour irisant la surface où se trouvent, camouflés, deux/trois lépidoptères. Un mur violacé, une jeune femme et son ombre portée, peau très blanche, yeux gris en amandes, bouche fermée aux lèvres rose léger et le reste forme noire, broderie, bords et perles, boucle noire, ruban noir, demi-cercles ajourés, lignes, triangle et tubes tout contre la transparence infime d’un voile – gaze léger ondulant – et l’épingle dorée maintenant dans le noir, si ténue que soutient le liseré blanc sur noir ou que passe, alternatif, du virtuel au réel ou de l’épingle à l’œil qui, dans sa légère oblique, fixe-attire, ne fait que. Ou se tient, teint ivoire, donne la tonalité d’autres – robe, cheveux, buissons, arbres… –, absente à tous, à nous, maintenue dans le noir de buissons, épineux prolifère, trou noir...